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Mémoire-de-la-Littérature
13 mars 2007

Séminaire Sophie Duval (II) 06/03/007

Le martyre amphibologique de Saint-Legrandin: une syllepse intertextuelle
Seconde Partie

C’est dans Combray qu’on trouve, complétant et surtout rééclairant les éléments déjà fournis d’un portrait de Legrandin, le long passage sur lequel vont s’articuler la réflexion et le propos de Sophie D. Elle lit:

"... et pensant, maintenant que je savais que Legrandin était lié avec plusieurs personnalités aristocratiques des environs que peut-être il connaissait celle-ci, prenant mon courage, je lui dis: "Est-ce que vous connaissez, Monsieur la... les châtelaines de Guermantes ?", heureux aussi en prononçant ce nom de prendre sur lui une sorte de pouvoir, par le seul fait de le tirer de mon rêve et de lui donner une existence objective et sonore.

Mais à ce nom de Guermantes, je vis au milieu des yeux bleus de notre ami se ficher une petite encoche brune comme s'ils venaient d'être percés par une pointe invisible, tandis que le reste de la prunelle réagissait en sécrétant des flots d'azur. Le cerne de sa paupière noircit, s'abaissa. Et sa bouche marquée d'un pli amer se ressaisissant plus vite sourit, tandis que le regard restait douloureux, comme celui d'un beau martyr dont le corps est hérissé de flèches: "Non, je ne les connais pas", dit-il, mais au lieu de donner à un renseignement aussi simple, à une réponse aussi peu surprenante le ton naturel et courant qui convenait, il le débita en appuyant sur les mots, en s'inclinant, en saluant de la tête, à la fois avec l'insistance qu'on apporte, pour être cru, à une affirmation invraisemblable — comme si ce fait qu'il ne connût pas les Guermantes ne pouvait être l'effet que d'un hasard singulier — et aussi avec l'emphase de quelqu'un qui, ne pouvant pas taire une situation qui lui est pénible, préfère la proclamer pour donner aux autres l'idée que l'aveu qu'il fait ne lui cause aucun embarras, est facile, agréable, spontané, que la situation elle-même — l'absence de relations avec les Guermantes — pourrait bien avoir été non pas subie, mais voulue par lui, résulter de quelque tradition de famille, principe de morale ou vœu mystique lui interdisant nommément la fréquentation des Guermantes. "Non reprit-il, expliquant par ses paroles sa propre intonation, non, je ne les connais pas, je n'ai jamais voulu, j'ai toujours tenu à sauvegarder ma pleine indépendance; au fond je suis une tête jacobine, vous le savez. Beaucoup de gens sont venus à la rescousse, on me disait que j'avais tort de ne pas aller à Guermantes, que je me donnais l'air d'un malotru, d'un vieil ours. Mais voilà une réputation qui n'est pas pour m'effrayer, elle est si vraie! Au fond, je n'aime plus au monde que quelques églises, deux ou trois livres, à peine davantage de tableaux, et le clair de lune quand la brise de votre jeunesse apporte jusqu'à moi l'odeur des parterres que mes vieilles prunelles ne distinguent plus". Je ne comprenais pas bien que, pour ne pas aller chez des gens qu'on ne connaît pas, il fût nécessaire de tenir à son indépendance, et en quoi cela pouvait vous donner l'air d'un sauvage ou d'un ours. Mais ce que je comprenais, c'est que Legrandin n'était pas tout à fait véridique quand il disait n'aimer que les églises, le clair de lune et la jeunesse; il aimait beaucoup les gens des châteaux et se trouvait pris devant eux d'une si grande peur de leur déplaire qu'il n'osait pas leur laisser voir qu'il avait pour amis des bourgeois, des fils de notaires ou d'agents de change, préférant, si la vérité devait se découvrir, que ce fut en son absence, loin de lui et "par défaut"; il était snob. Sans doute il ne disait jamais rien de tout cela dans le langage que mes parents et moi-même nous aimions tant. Et si je demandais: "Connaissez-vous les Guermantes ?", Legrandin le causeur répondait: "Non, je n'ai jamais voulu les connaître". Malheureusement il ne le répondait qu'en second, car un autre Legrandin, qu'il cachait soigneusement au fond de lui, qu'il ne montrait pas parce que ce Legrandin-là savait sur le nôtre, sur son snobisme, des histoires compromettantes, un autre Legrandin avait déjà répondu, par la blessure du regard, par le rictus de la bouche, par la gravité excessive du ton de la réponse, par les mille flèches dont notre Legrandin s'était trouvé en un instant lardé et alangui comme un saint Sébastien du snobisme ... ".

Imposant son raisonnement à l’arme culturelle lourde, Sophie D. va en fait s’attacher à développer la thèse suivante : Legrandin est à la fois un martyr et une icône “gay”; le “snobisme” n’est qu’un autre nom - en même temps qu’un déguisement, qui fait “écran” - de l’homosexualité; Proust opère là un cryptage virtuose pour aborder un ensemble de préoccupations balayant quasi exhaustivement le ‘topos’ de l’amour homosexuel dans toutes ses dimensions, de l’obscénité sans bornes à la transmutation par l’art du plomb en or, de la féminité originelle à la virilité travestie, de l’agressivité interdite du désir à son accomplissement rédempteur .....
Il faut essayer de la suivre dans son parcours (note: .... qui ne relève pas vraiment de l’explication de texte “serrée”; des éléments valant allusion ou indice sont laissés de côté (ou, trop évidents, à notre charge?): “la brise de la jeunesse”, “alangui”, ...); il y a plutôt hypothèse globale puis déluge de feu (Ô Sodome...) pour la prouver (ou nous ... aveugler?)) ...

Legrandin - en toute schizophrénie, en toute amphibologie - est écartelé dans une tension constante entre mysticisme (... vœu mystique lui interdisant nommément la fréquentation des Guermantes ...) et mondanité (... il aimait beaucoup les gens des châteaux ...).
Derrière l’ironie du passage nous sommes conviés à un véritable itinéraire herméneutique.
Il faut plonger d’abord dans la Légende dorée de Jacques de Voragine (note: 1230 - 1298; dominicain italien, qui sera archevêque de Gènes et grand pacificateur des luttes entre Guelfes et Gibelins, partisans, à travers les choix de familles allemandes, Welfen contre Waiblingen, les premiers de l’Empereur et les seconds du Pape).

Il faut retrouver Sébastien, capitaine de la garde prétorienne de Dioclétien (245 - 313) et livré par ce dernier - comme chrétien - à ses archers; Sébastien survivant à leurs flèches mais alors bâtonné (ou fouetté) à mort; enfin Sébastien thaumaturge post-mortem puisque provoquant par la seule procession de ses reliques le miracle de la fin d’une terrible épidémie de peste à Pavie en 680.
Il faut retrouver Sébastien, aussi, chez D’Annunzio (Le Martyre de Saint Sébastien - Musique de Claude Debussy - Écrit pour Ida Rubistein et sur sa commande - Décors de Léon Bakst - Le drame “bénéficiera” d’un interdit épiscopal) . Proust a vu la représentation du Châtelet à la création, en 1911, en compagnie de Robert de Montesquiou. Même s’il a fait part - par amitié - à Montesquiou de son enthousiasme, il a avoué à Reynaldo Hahn que la pièce (et c’est ce qui se passa) était un “four”.

Note: ladite pièce mélange le profane et le sacré et le livret peut laisser planer au moins un doute sur le fond des relations de Dioclétien et de son militaire préféré. En outre, Sébastien, incarné par Ida Rubinstein, se livre à une danse sensuelle qui pouvait sentir le soufre, enlacé à l’arbre auquel va s’adosser son exécution... Enfin, et on peut y voir en toute limpidité une métaphore sexuelle (que soulignera: flèche =phallus, Sophie D.), le public remarque les cris “Encore” par lesquels Sébastien accueille chaque trait décoché qui le blesse ...
D’Annunzio avait conçu (et écrit directement en français) son texte à Arcachon, où il vécut un temps avec, nous dit-on, “Nathalie Goloubeff et ses lévriers”. Tout un programme?
Très lié - d’une amitié qui faisait jaser en raison de son homosexualité flamboyante et affichée - avec Montesquiou, c’est ce dernier qui lui avait recommandé Debussy pour la mise en valeur musicale de son travail.

Suit une assez copieuse litanie - soutenue par un certain nombre de projections vidéo - de représentations de Saint-Sébastien en son martyre, soulignant au fil des images, une indiscutable évolution, du capitaine qu’on peut juger encore martial vers l’éphèbe ambigu, appuyée sur tout ou partie d’un corpus où on trouve, outre le retable de Thouzon, petit hameau du Vaucluse, commune du Thor , près d’Avignon (vers 1410 - au Musée du Louvre), quelques terres cuites (Jehan Berault (vers 1560), Martin et / ou Julien Prehoust (vers 1650), Pierre Leclerc (vers 1690)) et in fine une photographie de Pierre et Gilles, l’exploitation du thème chez: Piero della Francesca (1415-1492), Le Perugin (1425-1523), Antonello da Messina (1430-1479), Mantegna (1431-1506), Franciasco di Giovanni Botticini (1446-1497), Albrecht Dürer (1471-1528), Girolamo Genga (1476-1551), Ludovico Carracci (1555-1619), Aegidius Sadeler (1570-1629), Rubens (1577-1640), Pedro Orrente (1580-1645), Hendrick Terbrugghen (1588-1629, ..... sans oublier bien entendu le Saint-Sébastien aux Archers (1875) de Gustave Moreau et les décors de Léon Bakst pour la pièce de d’Annunzio.

Sophie D. insiste sur le tableau de Mantegna (1480) qu’évoque Albertine dans La Prisonnière : “Pourquoi, dans une belle journée, détacher ses yeux du Trocadéro dont les tours en cou de girafe font penser à la chartreuse de Pavie? - Il m’a rappelé aussi, dominant comme cela sur son tertre, une reproduction de Mantegna que vous avez je crois que c’est Saint Sébastien, où il y a au fond une ville en amphithéâtre et où on jurerait qu’il y a le Trocadéro”.

Elle dit: “Sébastien, c’est le signifiant; le signifié, c’est le snobisme, et qui fait écran à l’homosexualité”.

Note: On peut rapprocher cette piste, et qu’elle va développer, d’une communication de Jo Yoshida lors du Colloque “Proust au tournant du siècle” qui s’est déroulé du 26 au 28 novembre 2001 à l’université de Bar-Ilan (Nathalie Mauriac Dyer, Anne Simon et Annick Bouillaguet y sont entre autres intervenues ...), intitulée Le Martyre de Saint Sébastien et Marcel Proust, où Yoshida, après retour sur La légende dorée et les deux “représentations” qu’il dit centrales pour Proust de Mantegna et de d’Annunzio, examine leur influence sur le portrait de Legrandin “beau martyr dont le corps est hérissé de flèches” qu’il lit “double”,
et “doublement torturé par le snobisme et... la pédophilie”.

Il y a là, dit Sophie D., la clé du texte. Proust, virtuose du cryptage verbal, pictural, littéraire, joue avec et se joue de tout...
- les yeux de Legrandin: “... je vis au milieu des yeux bleus de notre ami se ficher une petite encoche brune comme s’ils venaient d’être percés par une pointe invisible ...”. L’œil percé? Oui, peut-être. Mais peut-être aussi fendu, ouvert, par cette flèche qui y a pénétré et dont on voit le talon, l’encoche au talon, et l’on est alors près, tout près de, prêt, tout prêt à la relecture obscène, quand “œil” métaphorise et résume tout orifice secret du corps, quand un dictionnaire érotique fait rimer “encocher” et sodomiser...
- partant, c’est avec ces “yeux” là qu’on relit, Legrandin en truchement, le corps érotique du tableau de Mantegna, dans sa beauté qui se dégageant de la trivialité de la prémisse qui précède se sublime en corps nu féminin, quand les flèches sont celles d’Éros, et quand regardant la toile d’Antonello da Messina, c’est peut-être le spectateur qui décoche au corps montré les flèches de son désir, ou, par un retournement non dit de la flèche, est percé de désir, et cette fois pour lui-même, d’un corps d’adolescent aussi préservé des agressions que semble l’être ce corps de martyr presque intact malgré ses blessures, et qui d’ailleurs - légende oblige - n’en mourra pas.

Et Sophie D. précise: “.. ce corps adolescent préservé de la peste”.

Note: Je ne m’étonne pas tant de l’allusion à la peste, puisqu’elle est présente dans le miracle post-mortem de Pavie, que de l’absence de référence, tout anachronisme assumé, au Sida. Au milieu des années 1980, quand la maladie a commencé à se répandre et d’abord dans la communauté homosexuelle, on a parlé immédiatement de peste “gay”; aussi, là, évoquant une homosexualité métaphorisée par un corps “intact de la peste”, une peste qui dès lors peut également, et d’évidence, symboliser tous les péchés dont est porteur le sodomiste, et dont il parvient à s’exempter - miracle de Saint Sébastien - même si lardé de flèches assumées comme phalliques, comment ne pas penser à l’épidémie de Sida pour une relecture actualisée de l’imagerie utilisée? ... en validant Saint-Sébastien comme l’icone gay moderne de relations non protégées et néanmoins sans conséquences ...

Elle veut revenir encore, complicité amphibologique, sur ce regard doublement vectorisé, du voyeur qui regarde le supplicié aveuglé (Legrandin) par la flèche d’Éros et qui s’en trouve, dans un retournement de celle-ci, désigné dans son désir. Mais elle se heurte à une “évidence”: on ne connaît pas de Saint-Sébastien recevant une flèche dans l’œil. “Suivre la flèche pour trouver l’œil” dit-elle... comment? (note: ... le Saint-Sébastien de Dürer, même si le seul à ma (très incomplète) connaissance, a néanmoins reçu une flèche en plein front, au dessus de l’arcade soucilière gauche; ça n’est pas passé loin!) ....

Mais elle pense avoir la solution!

Proust est allé à Padoue, Proust y a visité l’église des Erimitani, et plus précisément la Chapelle Ovetari dont on a confié la décoration à Mantegna tout jeune - il avait 18 ans - , qui y a représenté (fresques) un Martyre de Saint-Christophe et une Assomption. Et dans le martyre il a mis en scène une décapitation où s’observe - sauf erreur de ma prise de notes; je ne connais pas l’œuvre et j’en suis donc, tout contrôle impossible, marri - le demi-tour d’une flèche et son retour dans l’œil du roi, qui regarde ....
Donc...: Legrandin serait aussi le roi de cette fresque et Proust fusionnerait ici Saint-Christophe et Saint-Sébastien..... Quod erat demonstrandum?

Elle reprend: ... quoi qu’il en soit, Legrandin est martyrisé pour sa foi secrète (snob = gay), mais l’épisode montre aussi le narrateur décochant une flèche dans un corps qui s’offre, en laissant affleurer des affects intimes véhiculés à travers un exercice de “louchonnerie” (vocable où on retrouve l’œil...). Elle dit des références culturelles qui passent par la prégnance autobiographique (le voyage à Padoue), elle repart vers La nuit des rois, vers Shakespeare et vers Viola, dont elle souligne ici que le jumeau noyé se nommait, mais oui ... Sébastien, et jumeaux pour jumeaux, se retrouve dans d’Annunzio et dans les débuts de l’affaire, où les jumeaux Marc et Marcellien (note: parties chantées par des voix de femmes: soprano et contralto!) sont torturés en place publique. Gémellité, ambiguïté Homme-Femme, hermaphrodisme et renvoi de Shakespeare à Racine, aux parodies déjà évoquées des chœurs de jeunes israélites dans Esther, dans Athalie, via Charlus ou M. de Vaugoubert ....

Et de Racine, car la vérité qui suit est réputée racinienne, on glisse vers une péroraison de Sophie D. en forme de présentation d’une théorie affirmée proustienne : Les garçons naissent filles, et le demeurent, jusqu’au moment où après l’adolescence, ils se résolvent à devenir garçons, mais dans un passage à la virilité qui relève peut-être bien du travestissement! En quoi le sexe féminin se perd avec la jeunesse! En quoi le temps retrouvé, le temps d’avant dans son particulier retour, ce ne serait - ce n’est? - que le retour à la jeune fille que tous - oui, tous - nous avons été. Et quand le narrateur affirme: “...mon amour pour Albertine n’avait été que mon amour pour la jeunesse ...”, que dit-il d’autre? Et quand il voit Mlle de Saint-Loup, la fille de Gilberte, que voit-il d’autre que sa propre jeunesse et qu’ici se rejoignent “les deux côtés de Combray”? :

“Comme la plupart des êtres d’ailleurs, n’était-elle pas comme sont dans les forêts les ‘étoiles’ des carrefours où viennent converger des routes venues, pour notre vie aussi, des points les plus différents? (..) .. avant tout venaient aboutir à elle les deux grands ‘côtés’ où j’avais fait tant de promenades et de rêves (..) le côté de Guermantes et (...) le côté de Méséglise”.
“Je la trouvais bien belle: peine encore d’espérances, riante, formée des années même que j’avais perdues, elle ressemblait à ma Jeunesse”.

Sophie D. rassemble ses feuilles et jette encore quelques mots, épars, à concaténer sans doute, à méditer probablement, à recopier nécessairement: Créateur androgyne, Gustave Moreau; clichés peut-être, mais que Proust régénère; fécondation de l’œuvre par l’amphibologie des flèches à double sens; ironie et humour ... pour une affirmation antérieurement énoncée, perdue en route et dont voici la résurgence: “L’ironie est distance, et l’humour empathie; pourquoi peut-être, dans les structures allégoriques qui sont convoquées au service du portrait “ironique” de Legrandin, on trouve Mantegna et d’Annunzio, pas Giotto”.

Ce qui fait un joli mot de la FIN ..........

L’énoncé rituel précède Compagnon, tant il est attendu: “Merci, vraiment, pour ce bel exposé, mais ....”

Il y aurait un mais?

Au moins une question, une vague inquiétude, et le soupçon d’une proximité inavouée, on sent cela, dans l’interrogation du maître: “...cette amphibologie, sur laquelle vous venez de nous éclairer tout en en épuisant magnifiquement les possibilités ultimes, ne serait elle pas toute proche et sœur, pour l’oser, jumelle, de la syllepse intertextuelle de Riffaterre?

Là, la salle frémit, le coup est audacieux, il fallait y penser, on admire l’artiste. Quoi donc, il somnolait d’apparence, lové dans la quiétude offerte par les projections vidéo, et à l’ombre du retable de Thouzon, des décors de Bakst, du troublant sacrifié de Mantegna même, on le croyait distrait, lointain, rêveur sans doute, ou bien la tête vide, comme un palais désert ... mais dans l’obscurité sournoisement offerte à ses distractions, il veillait, il pensait et d’une main experte, il était, l’affutant, il l’allait décocher, elle atteindrait son but, on ne partirait pas sans qu’il l’ait assumée, cette flèche du Parthe!

Sophie D. est un peu déstabilisée: “Ma foi oui, pourquoi pas, peut-être mais pas trop, car enfin d’un côté, mais il en est un autre ...”
Et lui, grand, magnanime, refusant de pousser plus loin la discussion, sûr de toute façon de tenir la victoire, laisse filer la ligne et revient au propos complimenteur et lénifiant des épuisements de 18h30.
C’était très bien , très convaincant, plus riche encore d’intertextualité que les travaux antérieurs dont il avait eu à connaître, belle interprétation de l’encoche, et surtout ne pas manquer d’aller voir ça au musée Jacquemart-André, qui vaut le détour ...
Et marmonnant une fin de phrase en chewing-gum d’où émergent encore les syllabes qui forment le mot fétiche du jour - amphibologie que de crimes on a failli commettre en ton nom - mais d’où ne se dégage aucun sens global, il lâche enfin: “... et je crois qu’on va se séparer là”.

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