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Mémoire-de-la-Littérature
31 mars 2008

L'Article dans le Figaro ...

Je devais profiter de ce lundi pour rattraper un retard: le compte rendu du Séminaire n°6 d’Edward Hugues datant du 19 / 02, passé à la trappe d’activités grand-paternelles en leur temps avouées.
Mais décidément, j’ai par ailleurs laissé s’accumuler trop de quotidiens mal lus, d’hebdomadaires non ouverts, de livres à demi entamés et ... changement de pied, je renvoie Hugues aux calendes (ce qui stricto sensu ne devrait faire qu’à demain, puisqu’elles sont, à Rome, le premier jour du mois!) en souhaitant qu’elles ne soient pas grecques et je décide d’un premier petit débroussaillage ...

Dans le lot des “à voir”, je parcours en biais le dernier opus de Jean-Paul Brighelli (Fin de récré / JC Gawsewitch Éd.), me promettant d’y trouver à la relecture, les motifs habituels des irritations que me procure dans ses excès l’école “républicaine” dont il est plus ou moins (depuis son premier pamphlet: La Fabrique du crétin ) le gourou auto-proclamé, mais aussi - d’où la relecture prévue - de vrais thèmes de réflexion et l’occasion “d’aller plus loin”.

Or, j’aperçois un nom connu, que ma “lecture rapide” accroche, j’y reviens et je découvre Brighelli récupérant Antoine Compagnon dans sa sainte croisade (sur le fond, il a mon appui!) contre les IUFM. Le biais de cette récupération? Un Article dans le Figaro de mercredi 23 janvier dernier, en page Débats et sous le titre: “Tant vaut le maître, tant vaut l’école”.
Magnifiquement proustien cette affaire, non? L’article dans le Figaro !!!

Bien, maintenant, venons au fond. Il fallait aller lire!
Un petit tour sur “lefigaro.fr”, côté Archives ... On y est.
Il m’en coûtera quand même 4,19 €
Mais je ne regrette ni le détour, ni le débours.

On nous a changé Compagnon! Ou bien alors... serait-il double?

Sur le principe, tout d’abord, moi qui lui ai plusieurs fois reproché de ne pas s’investir dans des prises de position en accord avec ses responsabilités au HCE (Haut Conseil de l’Éducation), je dois faire amende honorable.
Il aborde le thème et le fait nettement. Agréable surprise. Et sur ce qu’il dénonce (le fiasco prévisible d’une IUFMisation aggravée par la loi Fillon de 2005 du parcours universitaire des futurs enseignants) comme sur ce qu’il suggère (“fortifier les licences générales préparant des professeurs des écoles polyvalents” et compléter leur formation initiale par une formation continue leur permettant de faire réussir cette bonne moitié d’élèves qui entrent aujourd’hui au CP sans espoir), je suis entièrement d’accord. Ce n’est qu’un petit pas par rapport à ce qu’il faudrait entreprendre, mais il est indiscutablement dans la bonne direction.

Non, ce qui m’a .... non pas choqué, mais étonné et pour tout dire “interloqué” , c’est la forme, le style. Comment, dans cet article sec, dégraissé, quasi minimaliste, documenté, direct, net, précis, sans fioritures, efficace au bout du compte, comment reconnaître l’approche glissée, un peu contournée, prudente, où la flèche s’avance masquée (si j’ose dire!), portée par un vocabulaire choisi, délivrée avec des mines de gourmet, de M. le professeur au Collège de France.
S’agirait-il de se faire comprendre, de se mettre au niveau du “peuple”, du “vulgum”? Mais alors, une tribune dans le Figaro, ce n’est pas forcément le tremplin idéal ... Quoi qu’il en soit, voilà que “l’Allemagne, l’Espagne (...) “zyeutent” nos concours [de recrutement] avec envie”, voilà que “ce n’est pas le moment de bazarder les concours” ... Zyeutent ? Même entre guillemets... Bazarder ? Et là sans guillemets... De quoi pousser les malveillants à l’épicaricatie, n’est-ce pas? Marguerite de Navarre, si j’ose la métonymie, s’empourprerait de ce relâchement de l’expression ....

Oui, mais pourtant il y a pire, oui, il y a bien pire, et qui nous ouvre d’insondables horizons. Car voici qu’apparaît Saint-Loup, Saint-Loup si plein de bonté et de droiture, et Saint-Loup si plein de conseils odieux sur le mode du “Comment se débarrasser d’un domestique”.
Car voici que se montre Bloch, qui ne devait pas dire et qui pourtant a dit, Bloch indiscret, indélicat, et caetera, et caetera ....
Car voici ... voici ce qu’on lit sous la plume de notre Antoine:

«Tant vaut le maître, tant vaut l'école», disait Ferdinand Buisson, la muse de Jules Ferry...

La muse ?!!! C’est peu? Oui, mais c’est trop!
Rappelons le vocabulaire “à la mode” des scandales de la préférence (homo)sexuelle.
Il y a coming out lorsque le principal intéressé, décidant d’assumer ce que la rumeur ne va pas (si ce n’est déjà fait) tarder à lui prêter, se fait l’annonceur de ses propres goûts
Et il y a outing lorsque c’est un tiers - qu’on devine fort malveillant - qui s’en charge

Allons, allons, Antoine, était-ce le moment de se livrer ainsi à un outing sauvage à l’endroit de ce malheureux Jules Ferry et de ... sa muse? Ses mânes, et ceux de Ferdinand Buisson, comment vont-ils se défendre de cette odieuse accusation!

La muse...? Mais quelle idée! Ne pouvait-on se contenter de... L’inspirateur, par exemple?
La muse de Jules Ferry... Horresco referens! Les bras m’en tombent et je reste sans voix!
Pourquoi et pourquoi maintenant? ...
Mais nous ne sommes pas très loin du “Jésus cet homme admirable” de Renan avec ce “Jules Ferry et son mignon...”
Aie! Ma chaire ....

Je me suis d’autant plus amusé à cette (il me semble, malgré tout) assez maladroite formule que ces jours-ci justement, le blog de Mme de Véhesse (http://vehesse.free.fr/dotclear/) qui rend compte scrupuleusement des cours et séminaires de Compagnon, dans une de ses nombreuses ramifications RenaudCamusiennes où apparaissait un poème de René Char (http://vehesse.free.fr/dotclear/index.php?2008/03/27/896-l-essence-de-l-amour) a soulevé (involontairement?) quelques interrogations chez ses lecteurs en raison de l’incipit dudit poème: “Dans les rues de la ville il y a mon amour.”
De quoi, de quoi? Char a dit “... mon amour” ? Mais alors c’est un poème achrien (oui, achrien est plus chic qu’homosexuel, Renaud Camus oblige). On réfléchit, on dispute, on croise Apollinaire (Chanson du mal aimé: Un soir de demi-brume à Londres (...) Mon amour vint à ma rencontre / Et le regard qu’il me jeta / Me fit baisser les yeux de honte ), on s’interroge... Que penser de ce “masculin”, chez Char?

Du coup, et de ce “féminin” chez Antoine? ...
Cela me rappelle aussi cet excellent sketch sur le télégramme amoureux que distillait Yves Montand, à une époque où on passait encore pour l’exercice par une demoiselle du téléphone. Il voulait adresser à sa douce quelques lignes poétiques et passionnées, mais malheureusement, avait prévu d'utiliser: “Mon chéri...”. "Mon chéri ou ma chérie?" disait l'autre. Quiproquo....
Bon, mais Amour est masculin, que diable, au singulier! Dès lors, pourquoi tant d’histoires?

Tandis que muse ....

Allez, Antoine, il ne faut pas m’en vouloir. Il est plutôt très bien cet article. Et puis demain, c’est le premier Avril, on peut un peu blaguer ... Quand même, muse ... Quelle idée!

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Commentaires
S
Cf. Réponse tardive message février autre blog ....
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