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Mémoire-de-la-Littérature
16 janvier 2014

ANTOINE COMPAGNON 2014 :

    Compagnon-Figaro         Compagnon-Estrade      Ecoute Audio

Laissons de côté les vœux 2014 convenus et liminaires et le repentir exprimé suite à des propos "non relus" (interview du Figaro : http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2014/01/06/01016-20140106ARTFIG00556-professeur-un-metier-sans-evolution.php) et "qui appelleront une mise au point ultérieure".

La première heure de cours se déroule, lentement (très), et commente, sous le titre général des leçons qui s'entament : La Guerre Littéraire, les deux pistes envisageables et envisagées: (1) La littérature comme sport de combat (2) La littérature comme inspirée par le combat, et spécifiquement, par le conflit de 14-18.

(1) La plume plus forte que l'épée: The pen is mightier than the sword (1839 -Edward Bulwer Lytton (l'auteur de Quo Vadis) dans sa pièce "Richelieu, ou la conspiration" Acte II SC. 2)

L'expression "La guerre littéraire" attestée chez Balzac (Les illusions perdues)

"Je crains trois journaux plus que 100 000 baïonnettes" : Napoléon 1er .

Flaubert, se plaignant de critiques qui ne sont que des "éreintements", néologisme apparu vers 1850 et qui fera florès, quand Baudelaire, s'obstinera à parler "d'éreintages", terme que l'usage n'a pas retenu.

Est entendu deux ou trois fois, le terme "agonistique", qui semble plaire à A.C. : relatif à la lutte, relevant du combat, voire substantivement, art du combat ou de la préparation au combat athlétique.

Deux ouvrages sont cités:

Manifeste de la jeune littérature, de Jules Janin (Réponse à Désiré Nisard et à sa critique de la "Littérature facile" , celle des romantiques en particulier – On est là en plein XIX° siècle): http://www.bmlisieux.com/curiosa/manifest.htm

La vérité sur l'Affaire Harry Quebert, de Joël Dicker,  Prix Goncourt des lycéens 2012 et Grand Prix du Roman de l'Académie française 2012 , que le site Amazon présente ainsi: À New York, au printemps 2008, alors que l’Amérique bruisse des prémices de l’élection présidentielle, Marcus Goldman, jeune écrivain à succès, est dans la tourmente : il est incapable d’écrire le nouveau roman qu’il doit remettre à son éditeur d’ici quelques mois. Le délai est près d’expirer quand soudain tout bascule pour lui : son ami et ancien professeur d’université, Harry Quebert, l’un des écrivains les plus respectés du pays, est rattrapé par son passé et se retrouve accusé d’avoir assassiné, en 1975, Nola Kellergan, une jeune fille de 15 ans, avec qui il aurait eu une liaison. Convaincu de l’innocence de Harry, Marcus abandonne tout pour se rendre dans le New Hampshire et mener son enquête. Il est rapidement dépassé par les événements : l’enquête s’enfonce et il fait l’objet de menaces. Pour innocenter Harry et sauver sa carrière d’écrivain, il doit absolument répondre à trois questions : Qui a tué Nola Kellergan ? Que s’est-il passé dans le New Hampshire à l’été 1975 ? Et comment écrit-on un roman à succès ? Sous ses airs de thriller à l’américaine, La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert est une réflexion sur l’Amérique, sur les travers de la société moderne, sur la littérature, sur la justice et sur les médias. Notice appétissante.

*****

Un passage du Temps retrouvé va servir de transition vers le second thème à traiter, un passage qui concerne des propos de Saint-Loup sur l'art militaire: "Un général est comme un écrivain qui veut faire une certaine pièce, un certain livre, et que le livre lui-même, avec les ressources inattendues qu'il révèle ici, l'impasse qu'il présente là, fait dévier extrêmement du plan préconçu. Comme une diversion, par exemple, ne doit se faire que sur un point qui a lui-même assez d'importance, suppose que la diversion réussisse au-delà de toute espérance, tandis que l'opération principale se solde par un échec; c'est la diversion qui peut devenir l'opération principale. J'attends Hindenburg à un de ces types de la bataille napoléonienne, celle qui consiste à séparer deux adversaires, les Anglais et nous."

… passage repris plus loin, Saint-Loup mort au front, lors des souvenirs évoqués par le narrateur avec Gilberte, où la littérature se mêle à la stratégie militaire : «Je ne puis vous dire à quel point la moindre des choses qu'il me disait à Doncières et aussi pendant la guerre me frappe maintenant. Les dernières paroles que j'ai entendues de lui, quand nous nous sommes quittés pour ne plus nous revoir, étaient qu'il attendait Hindenburg, général napoléonien, à un des types de la bataille napoléonienne, celle qui a pour but de séparer deux adversaires, peut-être, avait-il ajouté, les Anglais et nous. Or, à peine un an après la mort de Robert, un critique pour lequel il avait une profonde admiration et qui exerçait visiblement une grande influence sur ses idées militaires, M. Henry Bidou, disait que l'offensive d'Hindenburg en mars 1918, c'était « la bataille de séparation d'un adversaire massé contre deux adversaires en ligne, manoeuvre que l'Empereur a réussie en 1796 sur l'Apennin et qu'il a manquée en 1815 en Belgique ». Quelques instants auparavant, Robert comparait devant moi les batailles à des pièces où il n'est pas toujours facile de savoir ce qu'a voulu l'auteur, où lui-même a changé son plan en cours de route. Or, pour cette offensive allemande de 1918, sans doute, en l'interprétant de cette façon Robert ne serait pas d'accord avec M. Bidou. Mais d'autres critiques pensent que c'est le succès d'Hindenburg dans la direction d'Amiens, puis son arrêt forcé, son succès dans les Flandres, puis l'arrêt encore qui ont fait, accidentellement en somme, d'Amiens, puis de Boulogne, des buts qu'il ne s'était pas préalablement assignés. Et, chacun pouvant refaire une pièce à sa manière, il y en a qui voient dans cette offensive l'annonce d'une marche foudroyante sur Paris, d'autres des coups de boutoir désordonnés pour détruire l'armée anglaise. Et même si les ordres donnés par le chef s'opposent à telles ou telles conceptions, il restera toujours aux critiques le moyen de dire, comme Mounet-Sully à Coquelin qui l'assurait que le Misanthrope n'était pas la pièce triste, dramatique qu'il voulait jouer (car Molière, au témoignage des contemporains, en donnait une interprétation comique et y faisait rire) : « Hé bien, c'est que Molière se trompait. »

*****

(2) Le conflit de 14-18 et la littérature.

Première référence : Les somnambules, de Christopher Clark, publié en 2013 chez Flammarion. Le thème : Été 1914 : comment l'Europe a marché vers la guerre (etc.)

Livre d'historien, qui s'effacera ensuite, dans l'exposé, derrière une douzaine de titres qui pourront servir de fond au débat à ouvrir, choix toujours contestable, dit A.C. mais néanmoins nécessaire pour éviter le trop plein, choix précédé, avant d'être énoncé, par une deuxième référence : Quelle histoire. Un récit de filiation (1914-2014), de Stéphane Audoin-Rouzeau, ainsi présenté par l'auteur : « L’écriture spécifique d’habitude mise en œuvre pour parler des combattants des tranchées, des femmes en deuil ou des enfants de la guerre, j’ai tenté de l’appliquer à ceux auxquels, d’une manière ou d’une autre, je tiens. Il se trouve que sur trois générations en demeure une trace écrite.

J’ai souhaité rester sur les terres de l’Histoire. Mais celles-ci sont étendues et, dans bien des directions, les frontières deviennent poreuses au point d’être parfois peu discernables : c’est sur ces frontières-là que je me suis déplacé en m’éloignant du plus qu’il m’était possible mais sans perdre tout à fait des yeux mon point d’ancrage. J’espère n’avoir pas franchi les bornes ? mais si c’était le cas, je n’en aurais pas trop de regrets. Ce sont les risques de l’expérience.

Même si elles s’y apparentent parfois, les pages que l’on va lire ne constituent pas un récit de famille : je m’en suis tenu à ce que la Grande Guerre a fait aux miens, à la manière dont elle a traversé leur existence, quitte à inscrire ses effets au-delà même de leur propre vie. »

Les douze "à lire" :

Henri Barbusse                        Le feu                                             *

Maurice Génevoix                   Sous Verdun

Jean Paulhan                           Le guerrier appliqué

Roland Dorgelès                      Les croix de bois                              *

Henri de Montherlant               Le songe

Colette                                     La fin de Chéri

Marcel Proust                           Le temps retrouvé                            *

Jean-Norton Cru                       Du témoignage

Jean Giono                               Le grand troupeau

Louis-Ferdinand Céline             Le voyage au bout de la nuit

Drieu la Rochelle                       La comédie de Charleroi

Blaise Cendrars                         La main coupée    

Trois, astérisqués, ont été déjà et récemment chroniqués ici. Neuf de plus? On verra, si Amazon.fr veut bien m'aider …

Une indication supplémentaire en fin de séance:

Une conférence de Georges Duhamel de 1920: Guerre et Littérature (faite le 13 janvier 1920 à la Maison des Amis des livres ). On peut se procurer le texte au format pdf  à cette adresse: http://www.abebooks.fr/servlet/SearchResults?isbn=&an=georges%20duhamel&tn=guerre%20et%20litterature%20&n=100121501&cm_sp=mbc-_-ats-_-new

SINON? Sur cette première heure, le Compagnon 2014 m'a paru, en écoute audio, trop lent dans son débit et du coup, assez ennuyeux. Mais enfin, les indications de lecture sont précieuses, qui déroulent un avenir de pantoufles et de fauteuil sous la lampe ou les frondaisons plein de sérénité.

Lecture

Deuxième heure à suivre ….

         

                   

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Commentaires
B
Dans les romans indiqués, "La Fin de Chéri", très bien, mais pourquoi pas "Aurélien" d'Aragon ? Aurélien ne se suicide pas comme Chéri, mais il est irrémédiablement battu par la guerre, par "cette vieielle maîtresse" qui revient toujours, malgré lui, dans ses fantasmes.
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P
Le livre de Dicker est nul !
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