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Mémoire-de-la-Littérature
25 janvier 2014

Antoine Compagnon 2014 (2) - Leçon du 21 Janvier

Une aimable correspondante me reproche une sévérité inattendue envers A.C., en rupture dit-elle avec mes comptes-rendus antérieurs.

Etonnement. 

En termes de reproches, mais à lui adressé, le repentir liminaire d' Antoine Compagnon du 14/1 m'a conduit à aller voir un peu plus loin et j'ai trouvé sur Rue 89 , sous le titre "Antoine Compagnon, meilleur ami de Montaigne mais pas des femmes" -  http://rue89.nouvelobs.com/2014/01/09/profs-si-metier-est-declasse-cest-a-cause-femmes-sans-deconner-248895 -  une volée de bois vert qui effectivement a dû malgré tout contribuer à son irritation médiatique. C'est ainsi … en attendant la mise au point promise. Les maladresses, même apocryphes, se réparent difficilement.

Tout cela dit, l'écoute audio de la leçon n°2 m'a nettement plus intéressé et retenu que la mise en route du 14/1. Simplement, qui fut peut-être un peu gênant en séance, mais nullement en podcast, de petits et inexpliqués problèmes de diapositives ont un peu (très peu) déstabilisé quelques citations.

***

Apollinaire_1914Cendrars-ModiglianiMaurice_BarrèsRoger Martin du gardCharles_peguy

Bref retour sur 1913, année magique, et promotion de quelques titres : Alcools (Apollinaire); La prose du Transsibérien (Cendrars); La colline inspirée (Barrès); Jean Barois (Roger Martin du Gard); Eve (Péguy).

Les premiers vers d'Eve ... 

Ô mère ensevelie hors du premier jardin,


Vous n’avez plus connu ce climat de la grâce,


Et la vasque et la source et la haute terrasse,


Et le premier soleil sur le premier matin.                              

Et puis, plus loin ...

Heureux ceux qui sont morts pour la terre charnelle,


Mais pourvu que ce fût dans une juste guerre.


Heureux ceux qui sont morts pour quatre coins de terre.


Heureux ceux qui sont morts d'une mort solennelle.

Barbusse, dans Le Feu, évoquera avec une amère distance, au détour d'un démarquage, cet enthousiasme mortifère.

Ces écrivains, dit A.C. vont traverser la guerre et s'ils en ressortent vivants, ce sera indélébilement marqués, sauf Barrès. Né en 1862, il n'a plus l'âge de la mobilisation. La sienne est tout intellectuelle. Il devient un acteur important de la propagande qui lui vaut d’être élu par  le Canard enchaîné chef de la tribu des bourreurs de crâne. Il se fait le champion du jusqu'auboutisme dans les articles qu'il écrit chaque jour pendant quatre ans à l'Echo de Paris. Il y exalte les combats en cours et se voit décerner par Romain Rolland le surnom de rossignol des carnages. Il inaugure une campagne de presse pour la création d'une décoration destinée à  récompenser les soldats de la Grande Guerre, qui deviendra la Croix-de-Guerre 1914-1918.

Mais Apollinaire, grièvement blessé, est trépané, Cendrars, de même, amputé, quand Péguy, comme de son côté Alain-Fournier (Le Grand Meaulnes) ne revient pas.

La littérature, pendant ce temps se divise, pour partie héroïque et patriotique, pour partie pacifiste, pour partie protestataire. A.C. cite, écrit après le bombardement de Reims du 19 septembre 1914, le sonnet La cathédrale d'Edmond Rostand, immédiatement célèbre :

Reims - Cathedrale - Bombardement 1914-1918

Ils n'ont fait que la rendre un peu plus immortelle.


L'Œuvre ne périt pas, que mutile un gredin.


Demande á Phidias et demande á Rodin


Si, devant ses morceaux, on ne dít plus: "C'est Elle!"

 

La Forteresse meurt quand on la démantéle.


Mais le Temple, brisé, vit plus noble; et soudain


Les yeux, se souvenant du toit avec dédain,


Préfèrent voir le ciel dans la pierre en dentelle.

 

Rendons grâce - attendu qu'il nous manquait encor


D'avoir ce qu'ont les Grecs sur la colline d'or:


Le Symbole du Beau consacré par l'insulte! -

 

Rendons gráce aux pointeurs du stupide canon,


Puisque de leur adresse allemande il résulte


Une Honte pour eux, pour nous un Parthénon!                                                                     

Antoine Compagnon évoque à la fois l'idée spontanée d'un mouvement moderne international en plein développement en 1913, brutalement interrompu par le conflit, et une forme de retour à un réalisme, à un naturalisme qui paraissait avoir vécu, un conventiuonnalisme renaissant, poursuivi jusqu'aux années 1920. Il renvoie au De Profundis de Jean-Marc Bernard, tué par un obus le 9 juillet  1915. Pour Maurras, qui parle d'un nouvel André Chénier, c'est le plus grand poème de la guerre:

Du plus profond de la tranchée
    

Nous élevons les mains vers vous
    

Seigneur : Ayez pitié de nous
    

Et de notre âme desséchée !

    

 

Car plus encor que notre chair
    

Notre âme est lasse et sans courage.
    

Sur nous s’est abattu l'orage
    

Des eaux, de la flamme et du fer,

    

 

Vous nous voyez couverts de boue
    

Déchirés, hâves et rendus...
    

Mais nos cœurs, les avez-vous vus ?
    

Et faut-il, mon Dieu, qu’on l'avoue,

    

 

Nous sommes si privés d’espoir
    

La paix est toujours si lointaine
    

Que parfois nous savons à peine
    

Où se trouve notre devoir.

    

 

Éclairez-nous dans ce marasme
    

Réconfortez-nous et chassez
    

L’angoisse des cœurs harassés
    

Ah ! rendez-nous l’enthousiasme !

    

 

Mais aux morts, qui ont tous été
    

Couchés dans la glaise et le sable
    

Donnez le repos ineffable,
    

Seigneur ! ils l’ont bien mérité.

Survivance malgré tout d'éléments de modernité? Jean Paulhan, son ami, publiera après la guerre les haïkaï (coquetterie? Il me semble qu'on trouve plutôt "haïkus") de Georges Sabiron, tué en 1918, dont AC donne un seul exemple :

14_18

L’obus en éclats


Fait jaillir du bouquet d’arbres


Un cercle d’oiseaux.

Trou d’obus où cinq cadavres


Unis par les pieds rayonnent,


Lugubre étoile de mer.

C'est plutôt côté anglo-américain que le modernisme surnage. Et A.C. cite Ford Madox Ford et  sa tétralogie  Parade's end - qu'il affirme non traduite quand internet la répertorie comme "publiée en français sous le titre Finies, les parades, trad. Fernande Bogatyreff et Georges Pillement, Paris, Librairie de la Revue française, « Les Grands Étrangers » no 4, 1933". Il souligne que les écrivains de la Lost generation, Dos Passos, Hemingway, auxquels il annexe le peintre et poète E.E. Cummings, ont commencé dans et par la guerre (où ils furent souvent ambulanciers), et il leur ajoute en termes de modernité Faulkner, qui bien qu'ayant prétendu avoir été blessé au combat n'a pu participer, encore tout à sa  formation de pilote en 1918 .

Une remarque est intéressante. A.C. souligne que quoi qu'il en soit, conservationnisme ou modernité, les thèmes, la présence de l'horreur , sont identiques dans les productions, et des deux côtés du front, et qu'il y a une sorte de paradoxe perverti dans cette conversion de l'internationalisme d'avant guerre en convergence transnationale des ressentis.

La question en fait qui plane sur la leçon et préoccupe A.C. est celle de savoir si la guerre a été une parenthèse ou un fossé infranchissable pour une littérature à fracturer entre un avant et un après où à reconnaître dans ses résurgences post conflit. Les indications s'entrecroisent. Les Dadas, les Surréalistes, sont pointés dans leur déni immédiat du conflit, dont ils ne se souviendront que bien plus tard. Proust est convoqué qui ne croit pas à la rupture, pas plus en tant que narrateur que lorsqu'il fait parler Charlus, persuadé qu'il est du peu d'influence des événements sur la vie de la pensée, sur la vie de l'esprit et donc, sur la littérature. La grande guerre est aussi relative que le dreyfusisme. Et l'on relit, référence obligée, dans Le temps retrouvé : " Personne ne se fût rappelé qu'il avait été dreyfusard, car les gens du monde sont distraits et oublieux, parce qu'aussi il y avait de cela un temps fort long, et qu'ils affectaient de croire plus long, car c'était une des idées les plus à la mode de dire que l'avant-guerre était séparé de la guerre par quelque chose d'aussi profond, simulant autant de durée qu'une période géologique, et Brichot lui-même, ce nationaliste, quand il faisait allusion à l'affaire Dreyfus disait : « Dans ces temps préhistoriques ». À vrai dire, ce changement profond opéré par la guerre était en raison inverse de la valeur des esprits touchés, du moins à partir d'un certain degré, car, tout en bas, les purs sots, les purs gens de plaisir ne s'occupaient pas qu'il y eût la guerre. Mais tout en haut, ceux qui se sont fait une vie intérieure ambiante ont peu d'égard à l'importance des événements. Ce qui modifie profondément pour eux l'ordre des pensées, c'est bien plutôt quelque chose qui semble en soi n'avoir aucune importance et qui renverse pour eux l'ordre du temps en les faisant contemporains d'un autre temps de leur vie. Un chant d'oiseau dans le parc de Montboissier, ou une brise chargée de l'odeur de réséda, sont évidemment des événements de moindre conséquence que les plus grandes dates de la Révolution et de l'Empire. Ils ont cependant inspiré à Chateaubriand, dans les Mémoires d'Outre-tombe, des pages d'une valeur infiniment plus grande."

Et puis, au moins pour partie, l'avant-conflit était déjà dans le conflit, le préparait. Et A.C. de citer Colette Baudoche, publié en 1909 par Barrès, où une jeune lorraine refuse de céder à la séduction d'un professeur d'allemand; Kiel et Tanger, de Maurras, publié en 1910 avant d'être complété en 1913 (… puis en 1921); Notre patrie, de Péguy, paru en 1905. La crise de Tanger de 1905 ce sont les palinodies franco-allemandes autour de l'empire chérifien, également convoité, qui ne peuvent qu'accroître la germanophobie ancrée dans la défaite de 1870. Quant à Péguy, il répond à Leur patrie, ouvrage du pacifiste Gustave Hervé qui vient de paraître, où l'auteur s'acharne à démythifier la Patrie pour affirmer qu'elle n'est qu'une accumulation de sédiments et de pratiques idéologiques, faisant de l'antipatriotisme insurrectionnel son thème de prédilection et prônant la grève générale en cas de mobilisation … pour se renier en 1914 en basculant dans l'ultra-patriotisme (on dira alors de lui qu'il a "retourné sa veste rouge pour en montrer la doublure tricolore").

Sur cette idée d'un amont préparateur du conflit, A.C. renvoie en outre à l'analyse que fait Péguy de la poésie de Victor Hugo: "Il n'y a pas un poème de paix réussi dans toute l'œuvre de Victor Hugo (…) [Celui-ci] demandait à la guerre, aux militaires, premièrement des cortèges, comme ils peuvent seuls en donner, deuxièmement des objets de malédiction comme ils peuvent seuls en fournir, troisièmement et surtout, des sujets d'inspiration comme il ne pouvait pas en demander à la paix (…)". On rejoint ici, dit A.C., la double interprétation évoquée la semaine précédente de ce titre de "Guerre littéraire" attribué au cours.

C'est sur Ernest Psichari qu'Antoine Compagnon, pour finir d'asseoir sa réflexion du jour, veut enfin rester un moment, avant d'avancer quelques éléments complémentaires. Psichari est le petit-fils d'Ernest Renan par sa mère. C'est un pur produit de la vocation militaire, un militariste d'avant le conflit, qui le montre dans son livre de 1913, L'appel aux armes, plaidoyer contre l’humanitarisme pacifiste et le déclin moral qui lui semble en être la conséquence, au profit d’un idéal de dévouement et de grandeur.

Engagé dans l’artillerie à l’âge de vingt ans, il a fait la guerre coloniale, au Congo, puis en Mauritanie ce qui lui a inspiré Terres de soleil et de sommeil, en 1908, dans le dernier chapitre duquel il se livre à une apologie de la guerre qu'A.C. lira.

A la recherche de certitudes intellectuelles, Psichari sous l'influence de Jacques Maritain décidera d’entrer dans l’ordre des dominicains. Mais la guerre qui éclate peu après, l’en empêche. Par sa personnalité, ses préoccupations, ses aspirations morales et son engagement, il est apparu à Maurras (et à quelques autres de la mouvance Action Française) comme emblématique d’une jeunesse exaltée dont font aussi partie Péguy et Maritain, atteignant aux dimensions de héros national.

Antoine Compagnon lit :

ErnestPsichari

"Nous reviendrons à l'opinion du peuple, qui est la guerre. Il vient une heure où la violence n'est plus de l'injustice, mais le jeu naturel d'une âme forte et trempée comme un acier. Alors, la guerre n'est plus qu'un indicible poème de sang et de beauté, c'est la grande vendange de la force où une sorte de grâce inexprimable nous précipite et nous ravit (…)". Mysticisme guerrier, dit Compagnon, qui se déploiera cinq ans plus tard dans L'appel aux armes où il sera parlé de la "joie de faire la guerre". On voit là, dit A.C., frémissant au proche amont du conflit, une sorte de bergsonisme militaire, plein d'un élan vital de la guerre, mélangé d'un élan pascalien comme d'une vision maurrassienne, dont Barrès ne saurait être omis. Avec ça… !

 

Bref, sous-lieutenant au 2e régiment d'artillerie coloniale, Ernest Psichari est tué à Rossignol, en Belgique le 22 août 1914. L'élan vital n'a pas très longtemps résisté à l' indicible poème de sang et de beauté, assez juste retour des choses.

 

On termine avec Duhamel (Georges) et Thibaudet (Albert), personnalités plus aimables, au prix d'un détour pour prendre connaissance d'une absurdité - très Joseph de Maistre, dit A.C. - de Montherlant : "Dieu punit la France pour s'être mise en République et pour être devenue païenne", et d'une insanité de Monseigneur Baudrillart, recteur de l'Institut catholique de Paris en août 1914: "Je pense que ces événements sont fort heureux. Il y a quarante ans que je les attends. La France se refait et, selon moi, elle ne pouvait pas se refaire autrement que par la guerre, qui purifie." Ben voyons!

Duhamel et Thibaudet, donc.

Dans la conférence qu'il a donnée en janvier 1920 sur Guerre et Littérature, Georges Duhamel se bat contre la thèse courante qui veut que la guerre soit matière à littérature, ait servi la littérature. Il rapporte un mot de Paul Léautaud à un écrivain qui repart au front: "Au bout du compte, la guerre est pour vous tout profit. Vous connaissez maintenant des choses que vous n'auriez pas connues sans cela." Duhamel s'élève contre ce poncif "qu'une bonne saignée ne peut être que profitable à la pensée française", où il ne lit qu'une idée "de l'arrière". De même Thibaudet : "Il fut entendu dès le troisième jour de la mobilisation que cela allait donner de la littérature, et de la fameuse! Tel homme de lettres mort aujourd'hui (Thibaudet  écrit en 1922) à qui on refusait une autorisation et une automobile militaire pour suivre les opérations s'écriait dans les couloirs du ministère: "Je vous mets sur la conscience la littérature que vous étouffez…". Sur quelle conscience doit peser, et combien plus lourdement, celle qui n'a pas été étouffée, celle de l'arrière, j'entends."

Ce que note aussi Thibaudet, c'est que les grands anciens, ceux d'avant le conflit, ne s'y sont pas perdus et retrouvent à sa sortie une gloire paradoxale, eux – Proust, Gide, Valéry, Claudel – en qui il voit des gloires à retardement. Pour eux, la guerre a été une parenthèse, et même (pour Proust assurément et les enrichissements qu'il a apportés à son roman) un retard heureux, Thibaudet allant (là, A.C. s'inscrit en contre) jusqu'à se demander si Proust se fût imposé sans la circonstance de la guerre.

Duhamel enfin, de son côté, remarque avec amertume : "Les vrais témoins sont morts. Les vérités de la guerre sommeillent sous les champs de bataille. Dans vingt ans, ceux qui ont fait la guerre apprendront comment ils l'ont faite dans les ouvrages de ceux qui n'y sont jamais allés." Une idée que d'autres, comme Genevoix, ont pu partager.

*****

J'ai dû laisser filer quelques citations et autres éléments fournis mais globalement, ce devrait être à peu près fidèle. L'heure, je le redis, a été cette fois intéressante. Les thuriféraires de la boucherie sont évidemment affligeants. Qu'y faire? Le plus déprimant reste la vanité des "Plus jamais ça" et le goût du massacre semble être une vocation toujours renouvelée, la haine un ressort qui se retend facilement. Etc. Les livres profondément humains de Dorgelès, de Barbusse, de Duhamel, d'autres à lire et à venir, passent, dirait-on, sans laisser de trace. Tout ça est assez écœurant.

 

Marseillaise

 

                                                            Péguy une dernière fois, en 1913 :

Heureux ceux qui sont morts pour la terre charnelle,


Mais pourvu que ce fût dans une juste guerre.


Heureux ceux qui sont morts pour quatre coins de terre.


Heureux ceux qui sont morts d'une mort solennelle.



 

Heureux ceux qui sont morts dans les grandes batailles,


Couchés dessus le sol à la face de Dieu.


Heureux ceux qui sont morts sur un dernier haut lieu,


Parmi tout l'appareil des grandes funérailles.



 

Heureux ceux qui sont morts pour des cités charnelles.


Car elles sont le corps de la cité de Dieu.


Heureux ceux qui sont morts pour leur âtre et leur feu,


Et les pauvres honneurs des maisons paternelles.



 

Car elles sont l'image et le commencement


Et le corps et l'essai de la maison de Dieu.


Heureux ceux qui sont morts dans cet embrassement,


Dans l'étreinte d'honneur et le terrestre aveu.



 

Car cet aveu d'honneur est le commencement


Et le premier essai d'un éternel aveu.


Heureux ceux qui sont morts dans cet écrasement,


Dans l'accomplissement de ce terrestre vœu.



 

Car ce vœu de la terre est le commencement


Et le premier essai d'une fidélité.


Heureux ceux qui sont morts dans ce couronnement


Et cette obéissance et cette humilité.



 

Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournés


Dans la première argile et la première terre.

Heureux ceux qui sont morts dans une juste guerre.


Heureux les épis murs et les blés moissonnés.

(…)

HEUREUX? 

Péguy part en campagne dès la mobilisation en août 1914, laissant à Paris une épouse et trois enfants. Il a 41 ans.  Lieutenant de réserve dans la 19e compagnie du 276° régiment d'infanterie. Il meurt au combat la veille de la bataille de la Marne, tué d'une balle au front, le samedi 5 septembre 1914 près de Neufmontiers-les-Meaux, alors qu'il exhortait sa compagnie à ne pas céder un pouce de terre française à l'ennemi.

A-t-il eu le temps, dans la dernière seconde de sa dernière conscience, d'être à la fois lucide et heureux?

Les mysticismes me laissent désespéré.

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