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Mémoire-de-la-Littérature
11 février 2014

SEMINAIRE 2014 - 4 (audio)

Pierre Schoentjes – Université de Gand

14-18 en littérature : Une guerre pour les dire toutes?

 

Pierre_Schoentjes

 

David_H

La voix est jeune (écoute audio), le ton assez vif. L'exposé dure une cinquantaine de minutes, suivi de dix minutes d'échange avec Antoine Compagnon.

On parlera, à propos  de 14-18 et de ses prolongements littéraires, de littérature pacifiste, de littérature nationaliste ou héroïque, de l'influence de l'une ou de l'autre sur la suite des événements … et éventuellement sur les militaires,  avec en tête le général américain David Petræus,  commandant de la Force internationale d'assistance et de sécurité en Afghanistant en 2010-2011.

Remerciements et esquisse de contestation finale d'Antoine Compagnon.

Textes ou références d'appui de l'exposé:

Adrien Bertrand (L'Appel du sol – Goncourt différé (1914, décerné en 1916))

Raymond Escholier (Le sel de la terre et Mamadou Fofana, tirés de ses carnets de guerre)

René Benjamin (Gaspard – Goncourt 1915)

T.E. Lawrence (Les sept piliers de la sagesse - (Seven Pillars of Wisdom))

Barbusse, Dorgelès, Montherlant, Giono, as usual … idem Jean Norton Cru; un peu Georges Duhamel, un peu Drieu la Rochelle.

Céline (Voyage au bout de la nuit)

Alain : Mars ou la guerre jugée

Jean Rouaud (Champs d'honneur – Goncourt 1990).

Claude Simon (La route des Flandres)

Jean Echenoz (pour quel écrit?), Stendhal pour la Chartreuse de Parme (Fabrice à Waterloo), et la Vie d'Henry Brulard.

Jean Lartéguy (Les centurions).

Pierre Lemaitre (Au revoir là-haut – Goncourt 2013)

Un ouvrage épuisé, plus édité, coté chef d'œuvre oublié, semble-t-il titré Don Juan, et dont le nom de l'auteur s'énonce Bagain? Daguen?  Je ne peux pas le repérer.

Des "inconnus" (de moi) …Pierre Chaine (Mémoires d'un rat) ou Max Deauville.

Renseignements pris :

-       "Pierre Chaine, est un professionnel de l’écriture, auteur de théâtre dès avant sa mobilisation le 1er septembre 1914 , à l’âge de 32 ans, au 158e régiment d’infanterie. Il commence à écrire Mémoires d’un rat en 1915 alors qu’il est devenu lieutenant mitrailleur au 370e. Le texte paraît en feuilleton dans L’Œuvre en 1916 avant d’être édité en 1917 par la maison d’édition du journal. C’est un succès et en 1918, Pierre Chaine lui donne une suite, Les commentaires de Ferdinand, aux éditions de l’Œuvre. En 1921, Payot réunit les deux textes en un seul volume et c’est sous cette forme qu’ils ont été réédités en 2008. Etc." (Source ICI)

-       "Maurice DUWEZ ( Max DEAUVILLE ) est né à Ixelles le 31 août 1881 dans une famille bourgeoise et intellectuelle. Dès ses débuts de médecin généraliste, il se lance dans l'écriture. Engagé volontaire, en avril-mai 1915, il est atteint de la «Fièvre des tranchées » et est gazé, le 1er février 1916. Il quitte son régiment pour être nommé médecin à l'hôpital de Saint Lunaire (Bretagne) et est affecté à l'Aérostation militaire du 26 janvier 1918 au 11 novembre 1918. Il participe à l'offensive victorieuse et à l'occupation en Allemagne. Grâce à ses ouvrages «Jusqu'à l'Yser», «La Boue des Flandres» et «Dernières Fumées», on comprend mieux ses sentiments durant ces années de guerre. Il dénonce l'inhumanité du conflit qui lui inspira d'abord une résignation stoïque, puis du désenchantement, aggravé par l'atmosphère qui régna après-guerre dans certains milieux." (Source ICI )

Pierre Schœntjes oppose littérature pacifiste et littérature nationaliste (dans une dichotomie qu'Antoine Compagnon jugera trop accusée), estimant qu' à la notable exception peut-être d'Ernst Jünger (et Kessel (L'équipage)?– et Le songe, de Montherlant? … lui opposera A.C.), le côté nationaliste-héroïsant n'a pas trouvé d'auteurs à la hauteur des tenants du  pacifisme.

Il souligne que chez les pacifistes (et il cite du Giono), l'excès visant à frapper les esprits pour proscrire tout avenir guerrier, à coup de quasi pornographie de la violence, en termes de gothique du champ de bataille, n'a pas prouvé son efficacité; toutes les horreurs décrites n'ont pas empêché le monde de filer vers 39-45.

Quelques coups de projecteur :

-       Albert Camus a découvert la Grande guerre en lisant Barbusse et Dorgelès

-       Polémique autour des Croix de bois et des critiques de Jean Norton Cru. En 1920, Dorgelès marque peu d'estime pour les témoignages du bidasse de base qui consigne dans ses carnets les menus événements de la vie des tranchées. Il se veut, lui, artiste du compte-rendu romancé, admettant qu'il n'a pas réellement vécu les anecdotes qu'il rapporte. En 1929, après les critiques de Cru, il change de posture, rend hommage aux soutiers des tranchées et prétend qu'il a traversé les épisodes qu'il rapporte, ou l'équivalent.

-       Position longtemps tenue en France: "Pour comprendre Waterloo, ne pas interroger Fabrice (Stendhal-La Chartreuse) …  c'est-à-dire la piétaille, au ras de l'événement" – Contestation de Jean Norton Cru qui affirme que la piétaille est essentielle mais que Fabrice n'en est pas au sens où il l'entend, qu'il est là une construction quasi "humoristique" de Stendhal  qui s'exerce au récit absurde. Pierre Schœntjes semble convaincu. Sur mes souvenirs, je doute.

-       Stendhal encore, mais relu par Claude Simon, au passage du  Saint Bernard dans Henry Brulard. Stendhal interrompt son récit quand il s'aperçoit qu'il est en train non pas de décrire ce qu'il a vu mais une gravure sur le même sujet. Et Claude Simon d'affirmer que ce n'est pas non plus cela qui est décrit, mais l'image que cette gravure a permis que Stendhal se forme à partir de son vécu remémoré.

-       Du même ordre, dans Les champs d'honneur de Jean Rouaud. Description d'une attaque au gaz et image des tranchées pleines de vers humains. Selon Schœntjes, il y a là non une référence directe aux tranchées, mais un glissement provoqué par les images connues liées aux chambres à gaz de la seconde guerre mondiale qui sont venues se superposer. Après avoir protesté, Jean Rouaud en serait convenu.

-       Les Centurions de Jean Lartéguy (et le personnage de Raspéguy, inspiré de Bigeard), lus par David Petræus qui en aurait tiré des leçons pour sa stratégie en Afghanistan. Effet de la littérature sur la guerre. Antoine Compagnon se démarque de cette mise en valeur lors de l'échange final.

-       Romain Rolland et Marcel Proust sur des positions inconciliables. Le premier dans Au-dessus de la mêlée plaidant pour la préservation des œuvres d'art, au risque s'il le faut d'engager des vies humaines. Marcel Proust  énonçant: "Ne sacrifiez pas des hommes à des pierres dont la beauté vient d'avoir justement fixé un moment de vérité humaine".

Je ne suis pas certain que le titre de l'exposé ait été entièrement tenu … A.C. a rendu hommage à l'ampleur de la réflexion proposée. On a malgré tout l'impression d'un certain piétinement des uns et des autres dans un même champ clos balisé par une douzaine au plus d'ouvrages, sans progression tellement significative d'une intervention sur l'autre. Rien ne remplace la lecture directe. A nous d'y aller voir. Quant au processus  qui transforme les Plus jamais ça en Allons-y gaiement encore un coup, rien de plus à en dire que l'expression d'un fatalisme écœuré.

Ecrire, lire, conduit seulement à une forme de plénitude égoïste.

Et rien ne change.

 

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Commentaires
O
Echenoz? Pour "14" probablement (Minuit, 2012). http://desromansetdesguerres.blogspot.fr/2012/11/14.html
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S
@ Huard<br /> <br /> Idem "Anne" sollicitant des éclaircissements sur l'anonyme "Sejan"…<br /> <br /> Pour plus de détails, vous pouvez consulter "profil de l'auteur" sur http://thebookedition.com, en cherchant "Auguste Sejan". <br /> <br /> Vous pouvez aussi m'adresser un courrier direct et personnel en utilisant (bas de page-écran) "Contacter l'auteur"
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