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Mémoire-de-la-Littérature
21 février 2014

SEMINAIRE N° 5 _ JULIEN HERVIER ( sur ERNST JÜNGER) – (vidéo)

images                Jünger-Hervier                Jünger

 Julien Hervier                              E.J. & J.H.                            Ernst Jünger

Etonnante impression, à suivre ce séminaire. Peut-être un simple effet de projection d'un état intérieur? Il est vrai qu'un petit souci que j'avais hier s'est entre-temps dissous. J'ai suivi la vidéo en deux fois. Et hier, je m'en suis tenu à l'exposé stricto sensu de Julien Hervier . Cet après-midi, j'ai bouclé l'affaire : l'échange avec Antoine Compagnon. 

Deux Julien Hervier.

Un conférencier appliqué, trop près de ses notes, complet mais un peu ennuyeux.

Avec lunettes.

Un débatteur, un raconteur, plein de vie, de modestie souriante, de pas de côté, s'attirant la sympathie. Sans lunettes.

D'ailleurs, titre posé, ma feuille de notes est restée vierge hier. J'ai rempli la page aux deux tiers aujourd'hui.

Bon échange. Même Antoine Compagnon m'a paru alerte!

Sténographiquement :

Jünger, lecteur absolu. Il lit Tristram Shandy de Laurence Sterne . Il est blessé . Il reprend sa lecture à l'hôpital, là où il l'a laissée, comme si la littérature l'emportait sur le réel. Un bovarysme latent, dit Julien Hervier, mais compensé par l'action : lui "va y voir".

Autodidacte, boulimique de lecture et très mauvais élève, Jünger, à seize ans, redoute surtout d'échouer au baccalauréat et l'engagement dans la Légion étrangère lui offre une échappatoire.

 

Attali

Attali Jacques, plagiaire (entre autres) de Jünger … Julien Hervier évoque sa fâcheuse habitude d'oublier les guillemets et parle de pages démarquées (recopiées) du Traité du sablier . Renseignements pris, il semblerait qu'il s'agisse plutôt de lignes. Cela fait-il une nuance? Je connaissais un peu Attali dans les années soixante, tous deux à l'X dans la même promo, lui major, et moi dans le modeste milieu du classement. Je me souviens de son coup d'éclat aux premiers examens généraux de février, pour notre promotion entrée en octobre de l'année précédente. Nous étions tous à la cantine, à déguster les mets si fins propres aux restaurations collectives et qui m'ont laissé de bien mauvais souvenirs, quand la rumeur s'est répandue: "Attali a eu 20 à l'interrogation d'analyse". Cela nous paraissait énorme. Et sauf erreur il a récidivé le lendemain dans une autre discipline. Passé major. Il n'a plus quitté ce rang jusqu'à la fin. Depuis, sherpa un long temps de Mitterrand, qui disait de lui: "Il a cinquante idées par jour -J'en retiens une par mois", il a accédé à la gloire médiatique et … collectionné quelques casseroles, dont ces histoires de plagiat. Sacré parcours, quand même.

 

Céline

Mais pour revenir à Jünger, Julien Hervé souligne que le combattant d'élite de 14-18 était dans le civil un homme très conciliant et qui répugnait à mettre en cause les individus, biaisant pour ne pas incriminer directement Céline en 1942 , qu'il avait attaqué mais sans le nommer explicitement, opposant un démenti à la levée du pseudonyme, et ici, minimisant absolument l'emprunt d'Attali. 

Julien Hervier - qui rappelle qu'Ernst Jünger s'est porté volontaire dès l'ordre de mobilisation de Guillaume II en 1914, il a 19 ans - pense, devant ces jeunes gens embarqués, volontaires ou non, dans le conflit, aux enfants-soldats, tant ils confondent parfois le feu avec un jeu, tant ils sont, dans leur mentalité en première ligne, parfois proches des adolescents d'aujourd'hui devant leurs jeux électroniques, se flinguant d'une tranchée l'autre dans une inconscience ludique (ce que je ne retrouve pas, même anecdotiquement,  dans les récits lus à ce jour). Une atmosphère, reprend A.C., de grandes vacances, formulation qu'il a déjà utilisée, qui ne semble pas choquer Julien Hervier, et que je trouve assez terrifiante, au pied d'un monument aux morts.

L'incompétence du Haut-Commandement français est dénoncée et Julien Hervier  évoque en particulier celle de Joffre, qui n'avait aucun plan de bataille à opposer à l'avancée allemande à travers la Belgique. Il met en avant le nom du général Lanrezac et son éviction . Je complète (source internet : http://www.lingenue.net/?page_id=2201):  Dans le sud de la Belgique, la Vème armée du général Lanrezac et les quatre divisions anglaises du général French, seules face à l’invasion allemande arrivant par le Nord sont attaquées à Charleroi et à Mons. Privées de moyens, elles doivent se replier pour ne pas être encerclées.

Ce repli ordonné par le général Lanrezac lui coûtera son commandement mais sauvera les 250.000 hommes de la Vème armée. En repoussant la puissante armée de Von Bulow au-delà de l’Oise par une courageuse contre offensive menée à Guise le 29 août, la Vème armée du général Lanrezac retardera l’avancée allemande, contribuant de façon déterminante à l’échec du plan d’invasion allemand.

Le général Lanrezac, l’un des meilleurs stratèges de l’armée Française, s’opposait frontalement à Joffre dont il critiquait l'option d’offensive à outrance.  " Attaquons, attaquons… comme la lune ! " , se plaisait-il à chantonner !

Ardenne belge

28000 soldats français tués le 22 août 1914 dans l'Ardenne belge, sur la base des choix stratégiques du Haut-Commandement … La guerre, souligne Julien Hervier, a coûté aux armées françaises 1,5 millions de morts face aux seules armées allemandes, quand celles-ci, face aux français, aux russes, aux anglais et aux américains ont eu 1,8 millions de tués. Il dit: On a envoyé nos troupes au massacre.

Le recul, pour le commandement français, c'était la lâcheté (Julien Hervier évoque une anecdote de la Comédie de Charleroi où, suggérant un repli devant la probabilité d'être pris à revers, le narrateur de Drieu la Rochelle est soupçonné par son capitaine de vouloir fuir).

Au contraire des directives rigides du sommet de la hiérarchie militaire française, les "bas-officiers" allemands (sous-officiers et officiers subalternes) se voyaient reconnaître de réelles marges d'initiative pour s'adapter au mieux au terrain et aux circonstances.

Etc.?

Julien Hervier s'interrompt en avouant qu'il digresse. Mais visiblement, le sujet lui tient à cœur et sa conviction sonne vrai. Très sympathique.

Une vidéo qui vaut sans doute par la qualité intrinsèque de l'exposé – avec en arrière-plan ce même leitmotiv: tant qu'à entendre un spécialiste se référer aux textes de Jünger, aller plutôt d'abord les lire (soyons modeste : en lire) - mais surtout beaucoup par l'échange qui le suit.

 

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