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Mémoire-de-la-Littérature
8 septembre 2014

AUTRE GENRE : LE LYS DANS LA VALLEE

Le Bez

St Etienne de Lugdarès       

Le Bez

Tant pis pour la Touraine. C'est en Ardèche, du côté de Saint-Etienne de Lugdarès, à Masméjean, que j'ai relu Le lys dans la Vallée. Belles maisons anciennes, sentiers parfois (mais si!) bordés de cèpes … on peut monter au col du Bez, manger des glaces. Fin août. Assez beau temps. Tranquillité.

Henriette de Mortsauf a illuminé mes seize ans. Je n'avais jamais repris le roman. Mais son emprise a été si forte que trentenaire, une sémillante Henriette m'allait séduire, plus encore comme Henriette que comme sémillante. Lointaines amours, mais dont la relecture a ramené un peu des souvenirs.

Balzac a mis beaucoup de lui dans ce roman, que je pensais, adolescent, mineur, tant je le sentais éloigné des autres éléments de la Comédie Humaine vers lesquels on nous dirigeait. Félix de Vandenesse, Henriette de Mortsauf, Lady Dudley, d'un côté, Honoré, Laure de Berny, la duchesse d'Abrantès, de l'autre, il y a des correspondances. Jamais exclusives, certes, le romancier, le grand romancier, multiplie les modèles et les collages, mais enfin, il reste des dominantes.

Un adolescent d'aujourd'hui peut-il s'investir dans cette histoire d'amour éperdument éthéré, baigné de religiosité et de transports de l'âme? Assurément non. Outre le style. Mais enfin, j'ai voulu le relire, en quelque sorte inutilement, un peu par dévotion (!). Et puis je le raconterai à mon petit-fils qui entre en première. Cela le dispensera du pensum et lui permettra quand-même de briller en classe: Qui a lu du Balzac pendant les vacances? Moi, M'sieur! Moi, M'sieur!

Le folio classique Gallimard est très bien fait et riche de documentation et d'éclairages. Détail oublié: quand Balzac entame sa liaison avec Laure de Berny, modèle prégnant d'Henriette de Mortsauf, il a vingt-deux ans et elle en a quarante quatre, plus dix enfants! A en rester sur son séant, non? Rousseau et Mme de Warens ne sont pas loin. 

Laure de Berny   balzac

Laure de Berny ….                                           ........ et Honoré de Balzac

Soit, à l'écran …

Seyrig_lys_vallee     Depardieu

Delphine Seyrig .....                                           ..  et  Gérard Depardieu

Cette femme qui aime et qui se refuse … on pense bien sûr à la Princesse de Clèves, et c'est par quoi Paul Morand commence la préface qu'il rédige: "Le Lys dans la Vallée, c'est la Princesse de Clèves du romantisme, c'est l'attachement au devoir dans les ruines d'une courte existence (…)", pour souligner ensuite les différences.

Curieusement, en termes d'intérêt de lecture, du roman bref de 1678 au texte épais de 1845, toujours préoccupation scolaire, c'est j'en suis assuré l'écriture du XVII° siècle qui paraîtra la plus attachante à l'adolescent d'aujourd'hui. Balzac pèse sur l'estomac. La Princesse est plus digeste que la Comtesse (car Henriette est Comtesse).

Sur le fond, à y mieux réfléchir, bien sûr, de Mme de Clèves à Mme de Mortsauf, ce qui sépare est essentiel et la seconde meurt désespérée, où la première se retire, non sans raison, du jeu, se contentant de mort dans l'âme. Nemours, au bout du compte, ne suivait que son désir, où le vicomte de Vandenesse a cru à l'amour des âmes, et total. Mais un parallèle serré des deux romans sur leur convergence-divergence serait tout à fait passionnant, en classe, si on avait le temps, si les élèves avaient lu les deux …  si on avait mis Paris en bouteille.

Bilan de lecture ? Oh, rien que de très personnel. Des moments de sérénité ardéchoise, quelques ressouvenances, l'accompagnement parfois un peu somnolent des discours de Félix-Honoré, des rêveries songeuses sur le comportement de Mme de Mortsauf, compréhension versus incompréhension, des rapprochements avec Mme de Lafayette, l'envie vague de voir Delphine Seyrig dans le film de 1970 (on doit bien pouvoir se procurer le DVD … s'il existe*), des souvenirs de lycée, une jolie gamine blonde jamais totalement oubliée, et puis au bout, une envie d'en parler, rejoignant ce qu'énonçait Louise Labé au XVI° siècle: : "Le plus grand plaisir qu'il soit après l'amour, c'est d'en parler ". Oui, ben là,  c'est après la lecture!

* Mieux! Les archives de l'Ina : http://www.ina.fr/video/CPF86609649

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