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Mémoire-de-la-Littérature
5 janvier 2017

SUR LA LEÇON N°1 – 3/1/2017

 

      Archiloque  Anatole France

Archiloque et Anatole France. Deux références énoncées, parmi d'autres, avec renvoi pour le premier à ses amours contrariées au septième siècle avant JC, et pour le second, à la violente charge des surréalistes au lendemain de sa mort.

Archiloque, inventeur du vers iambique,  se promettait de convoler en justes noces avec Néoboulé, fille de Lycambe, autre poète grec. Refus du père aux motifs obscurs. Archiloque se déchaîne contre lui, puis le désir devenu haine, contre sa fille. Insultes versifiées diverses à l'impact mortel: père et fille finiront par se pendre.

L'anecdote est tirée de l'abbé Irail, auteur en 1761 des Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la République des Lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours.La rage, y est-il dit, fut la muse d'Archiloque.

Consultable ici : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k82822m.pdf

Quand Anatole France meurt, couvert de gloire et d'honneurs en Octobre 1924, Breton, Soupault, Eluard, Aragon, Deltheil, se fendent de deux feuillets recto-verso d'attaques virulentes contre son image sous le titre Un cadavre. On peut en prendre connaissance ici: http://www.andrebreton.fr/work/56600100143070

C'est inégal (et même assez médiocre, littérairement), mais gratiné .

Ainsi, André Breton : "(…) Loti, Barrès, France, marquons tout de même d'un beau signe blanc l'année qui coucha ces trois sinistres bonshommes : l'idiot, le traître et le policier. Avec France, c'est un peu de la servilité humaine qui s'en va. Pour y enfermer son cadavre qu'on vide si on veut une boîte des quais de ces vieux livres "qu'il aimait tant" et qu'on jette le tout à la Seine. Il ne faut plus que mort cet homme fasse de la poussière."

Ou Louis Aragon, qui a titré Avez-vous déjà giflé un mort?: "(…) Les conseils municipaux de localités à mes yeux indistinctes s’émeuvent aujourd’hui d’une mort, posent au fronton de leurs écoles des plaques où se lit un nom. Cela devrait suffire à dépeindre celui qui vient de disparaître, car l’on n’imagine pas Baudelaire, par exemple, ou tout autre qui se soit tenu à cet extrême de l’esprit qui seul défie la mort, Baudelaire célébré par la presse et ses contemporains comme un vulgaire Anatole France. Qu’avait-il, ce dernier, qui réussisse à émouvoir tous ceux qui sont la négation même de l’émotion et de la grandeur ? Un style précaire, et que tout le monde se croit autorisé à juger par le vœu même de son possesseur ; un langage universellement vanté quand le langage pourtant n’existe qu’au-delà, en dehors des appréciations vulgaires. Il écrivait bien mal, je vous jure, l’homme de l’ironie et du bon sens, le piètre escompteur de la peur du ridicule. Et c’est encore très peu que de bien écrire, que d’écrire, auprès de ce qui mérite un seul regard. Tout le médiocre de l’homme, le limité, le peureux, le conciliateur à tout prix, la spéculation à la manque, la complaisance dans la défaite, le genre satisfait, prudhomme, niais, roseau pensant, se retrouvent, les mains frottées, dans ce Bergeret dont on me fera vainement valoir la douceur. Merci, je n’irai pas finir sous ce climat facile une vie qui ne se soucie pas des excuses et du qu’en dira-t-on.

Je tiens tout admirateur d’Anatole France pour un être dégradé. Il me plaît que le littérateur que saluent à la fois aujourd’hui le tapir Maurras et Moscou la gâteuse, et par une incroyable duperie Paul Painlevé lui-même, ait écrit pour battre monnaie d’un instinct tout abject, la plus déshonorante des préfaces à un conte de Sade, lequel a passé sa vie en prison pour recevoir à la fin le coup de pied de cet âne officiel. Ce qui vous flatte en lui, ce qui le rend sacré, qu’on me laisse la paix, ce n’est pas même le talent, si discutable, mais la bassesse, qui permet à la première gouape venue de s’écrier : « Comment n’y avais-je pas pensé plus tôt ! » Exécrable histrion de l’esprit, fallait-il qu’il répondît vraiment à l’ignominie française pour que ce peuple obscur fût à ce point heureux de lui avoir prêté son nom ! Balbutiez donc à votre aise sur cette chose pourrissante, pour ce ver qu’à son tour les vers vont posséder, râclures de l’humanité, gens de partout, boutiquiers et bavards, domestiques d’état, domestiques du ventre, individus vautrés dans la crasse et l’argent, vous tous, qui venez de perdre un si bon serviteur de la compromission souveraine, déesse de vos foyers et de vos gentils bonheurs.

(…) Que donc celui qui vient de crever au cœur de la béatitude générale, s’en aille à son tour en fumée ! Il reste peu de choses d’un homme : il est encore révoltant d’imaginer de celui-ci, que de toute façon il a été. Certains jours j’ai rêvé d’une gomme à effacer l’immondice humaine."

images

J'ai été scandalisé, lundi, en voyant circuler sur Facebook cette photographie de François Chérèque (mort le jour même) avec ce commentaire imbécile : Finalement, l'année commence plutôt bien. Force est de constater que l'imbécile en question a eu de plus illustres (et prolixes) prédécesseurs dans la matière. Nihil novi sub sole.

                                                                                                         SINON?

Antoine Compagnon a repris, égal à lui-même, son prêche au rythme lent. Je renonce aux comptes-rendus quasi-exhaustifs. J'écoute. C'est un peu ennuyeux mais on apprend des choses et l'un dans l'autre, je m'y retrouverai, je pense.  C'est amusant ( un peu irritant?) cette manie qu'il a de répéter  (bis repetita … soit) et d'enfiler un maximum de synonymes une fois énoncé un terme qu'il doit juger "clé" (?). Il donne une certaine impression d'embarras, d'hésitation, de rodage peut-être. Premier cours.

Phrases saisies au vol :

La littérature est un sport, son dopage, c'est le plagiat.

Barrès n'était pas d'un tempérament belliqueux. Je ne lui connais pas de duel. Cette affirmation est en contradiction avec la notice Wikipédia où l'on lit:  "Barrès se bat en duel le 3 novembre 1889 contre un avocat de Nancy. Nouveau duel à l'épée le 11 novembre 1889 à Nancy, contre Groulette, directeur de l'Est républicain (boulangiste), à la suite d'un article polémique dans le Courrier de l'Est, dont il sort légèrement blessé. Et nouveau duel en 1894 contre Francis de Pressensé." Ce qui ferait donc au moins trois!

L'esprit français, c'est l'esprit scolaire. Décrocher le pompon, la première place.

Deux allusions :

La règle du "winner-takes-all" (le gagnant rafle tout), qui est au fondement de la désignation des grands électeurs dans les élections américaines.

La fable des abeilles de l'écrivain néerlandais Bernard Mandeville, parue à Rotterdam en 1714 (et sa ligne directrice : Les vices privés contribuent au bien public). Elle inspirera la main invisible du marché d'Adam Smith.

Quelques conseils de (re)lecture (Baudelaire: Conseils aux jeunes littérateurs (http://www.toutelapoesie.com/poemes/baudelaire/conseils_aux_jeunes_litterateurs.htm); Balzac: Illusions perdues, deuxième partie; les frères Goncourt : Charles Demailly)

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