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Mémoire-de-la-Littérature
7 février 2019

LEÇON N° 5 - mardi 5/2/2019

ESSAYISM, ESSAYISME, ESSAYIST, ESSAYISTE

Galerie de portraits. On a parlé d'eux, d'autres aussi d'ailleurs, en "essayistes". De gauche à droite et de haut en bas, Emerson (Ralph Waldo), Charles Lamb, Nerval, Nietzsche, Stendhal, Taine (Hippolyte), Macaulay (Thomas), Baudelaire ...  Et puis toujours "la" référence : Montaigne. 

 

       EmersonCharles LambNervalNietzsche

       StendhalTaineThomas_Babington_Macaulay2Baudelaire

                                                         MONTAIGNE

La leçon se suit avec intérêt. Je suis toujours épaté par la quantité d'informations que mobilise A.C.  Sur quelque chose, vu d'en bas, d'assez mince. D'où vient le vocabulaire, essai, essayisme, essayiste ... De la première moitié du XIX° siècle visiblement, mode anglaise, archétype semble-t-il : Thomas Macaulay.

Les références et les citations s'accumulent. J'écoute. Mais pour en retirer quoi? Oui, cette histoire d'un tâtonnement autour d'une forme littéraire hybride, qui ne ressemble à rien de connu, qui va finir par faire un "genre" . Dans la Revue Britannique, fondée en 1827, cette définition : "L'essayiste se distingue du moraliste, de l'historien, du critique littéraire, du biographe, de l'écrivain politique, et pourtant il emprunte quelques traits à chacun d'eux, il ressemble tour à tour à l'un et à l'autre, il est aussi philosophe, il est satirique humoriste* à ses heures, il réunit en sa personne des qualités multiples, il offre dans ses écrits un spécimen de tous les genres".

* A l'époque, un humoriste c'est un écrivain d'humeur. A.C. en profite pour citer le Journal de Jules Renard : L'humoriste, c'est un homme de bonne mauvaise humeur.

Balzac aussi, est dans le lot, accusé par Emile Faguet de faire des "soutenances", des "parabases" . Dans la tragédie grcque, la parabase est le discours, hors action, du coryphée (chef de choeur) qui s'adresse au public pour lui indiquer les intentions de l'auteur. 

Stendhal présente en 1842 son De l'amour comme un "essai". Théophile Gautier parle de Hogarth, dans Une jounée à Londres, en qui il ne voit pas un peintre, mais bien plutôt l'essayiste qu'il aurait pu être. Baudelaire, sur Hogarth, a parlé de son côté de "peinture que l'on lit". 

 

                                Hogarth

Proust a des réserves, sur Nerval par exemple, trouvant dans son essayisme en fait la marque d'un manque de dessein général. Il n'y a pas de pré-détermination dans ce qu'il fait, il lui reproche de créer sa forme d'art en même temps qu'il la pense, en avançant, sans conception d'ensemble. Proust fera plus tard le même reproche à Péguy. Et Baudelaire essuiera les mêmes critiques à propos de ses Poèmes en prose, ou des Fleurs du mal. "On essaye en vers, puis, pour ne pas perdre la première idée, on fait en prose" (in Cahiers du Contre Sainte Beuve). Pas de colonne vertébrale. Ou alors : "Peut-être y a-t-il encore un peu trop d'intelligence en lui" (à propos de Nerval). Toujours ces remarques proustiennes acides contre l'intelligence, lui qui l'était tant. Pourquoi? 

On parle d'Emile Montégut, qui a fait accepter au début des années 1850, les Fleurs du mal dans la Revue Des Deux Mondes, Montégut pour qui l'essayiste est compliqué parce qu'il rend compte de la complexité du monde. Montégut, angliciste, a traduit en 1847 les Essais de philosophie américaine d'Emerson qui ont retenu l'attention de Baudelaire et que Proust lira. Proust pour qui Emerson sera jusqu'au bout une présence constante, "comme un ami avec qui on aurait envie de converser". C'est d'Emerson qu'il tire son discours contre l'amitié, les mondanités, temps perdu ... Paradoxal?

J'écoute avec plaisir, et assez mal. Pas de notes. De jolies choses passent, et s'envolent. On terminera avec Taine, Essais de critique et d'Histoire, en déplorant de ne pas avoir le temps de dire deux mots de Musil . A.C. évoque en passant l'échec de Taine en 1851 à l'agrégation de philosophie, qui sera supprimée par Louis Napoléon Bonaparte en 1852. On est passé ensuite aux vertus de la flanerie, aux découvertes inopinées de la sérendipité ... Je somnolais un peu. Pas bien sérieux, tout ça.

J'ai retenu un encouragement : relire "Sur la lecture", la préface à la traduction de Sésame et les lys. Ce sera au centre de la séance de mardi prochain. Si dios quiere ...  

 

Sur la lecture

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