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Mémoire-de-la-Littérature
8 avril 2020

LA MORT À VENISE / TRISTAN

Wladyslaw-Adzio-Moes   Björn_Andrésen_dans_Mort_à_Venise

Tadzio, de son vrai nom Władysław Gerard Jan Nepomuk Marya Moes (17/11/1900 - 17/12/1986) est dans le petit groupe d'enfants à genoux, à gauche. La seconde photo est celle de Björn-Andrésen, le jeune acteur suédois qui incarne Tadzio dans le film de Visconti, avec Dirk Bogarde dans le rôle de Gustav Aschenbach.

J'ai relu un peu au hasard La mort à Venise. Curieux livre, presque de circonstance puisqu'il se déploie dans une Venise touchée par une épidémie de choléra asiatique. Et curieux que Thomas Mann ait gardé là une dénomination dont on savait avec certitude depuis un demi-siècle quand il a écrit le livre (en 1912) qu'elle était incorrecte, le choléra européen d'antan avec lequel on voulait faire la distinction n'étant qu'une gastro-entérite.

On lit sans déplaisir, mais sans réelle adhésion, cette passion brutale, violente, de vieil écrivain traînant derrière lui toute une vie corsetée de labeur austère et toute une gloire aprement gagnée, pour un Ganymède purement fantasmé. La notice Wikipédia est tout à fait bien faite, avec de brefs mais intéressants témoignages de Thomas Mann et de son épouse sur la réalité de l'anecdote de départ. On la trouve ICI.

J'emprunte plusieurs éléments à cette notice pour ce bref résumé du roman:

Gustav von Aschenbach  est un écrivain reconnu et quinquagénaire. Un voyage qu'il décide sur une impulsion irrationnelle  le conduit à Venise, ville qu'il admire mais dans laquelle il ne s'est pourtant jamais senti à l'aise. Dans le Grand Hôtel des Bains, sur le Lido,  où il est descendu, Aschenbach cotoie Tadzio, un jeune adolescent polonais en vacances avec sa mère et ses soeurs qui le fascine par son exceptionnelle beauté. Il n'ose l'aborder mais guette ses apparitions, l'observe et même le suit dans ses promenades en famille à travers  la ville. La prise de conscience de cette passion jette Aschenbach dans des réflexions mélancoliques et philosophiques adossées à sa riche culture classique, réflexions qui se doublent d'une sorte de fièvre « dionysiaque ». Prévenu, mais décidé à rester tant que l'adolescent demeure, il  va peut-être succomber à l'épidémie de choléra qui sévit alors dans la ville mais peut-être aussi aux troubles provoqués par son irrépressible et incohérente passion, et  il vient mourir sur la plage en contemplant Tadzio dont la villégiature s'achève et qui a voulu avant son départ saluer une dernière fois  la mer .

Il faudra que je revoie le film de Visconti, dont je n'ai pas gardé un souvenir précis.

Capture d’écran 2020-04-10 à 11Dans la vieille édition de poche un peu usée dont j'ai disposé, on trouve deux autres nouvelles de Thomas Mann, Tristan et Le chemin du cimetière. Cette dernière, très courte, fait il me semble penser à quelque poème en prose de Baudelaire par son thème, par sa facture, peut-être à Une mort héroïque, avec le risque que le rapprochement soit absurde, et le constat qu'il ne s'en est pas moins, en même temps que j'écris ces lignes, imposé.  

Mais c'est Tristan qui m'a touché. L'atmosphère en est proche de celle qui connaîtra un immense développement dans La Montagne magique, atmosphère de sanatorium, hors du monde, tout imprégnée chaque fois par une présence féminine  qui est ce qui reste le plus, lecture achevée, présence tragique ici, image non pas idéale mais idéelle, fantome d'une féminité pourtant incarnée, sublimation d'un désir de beauté prenant forme, rêve flottant. L'inoubliable Claudia Chauchat de La Montagne magique est ici Gabrielle Eckhof, improbable Mme Klöteryahn, jouant le Nocturne en mi bémol majeur, opus 9, n° 2 de Chopin [écoute ICI] avant de se risquer dans une transcription pour piano du Prélude de Tristan et Isolde [écoute ICI] . Une lecture assez fascinante.

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