FORT COMME LA MORT - MAUPASSANT

L'amour est fort comme la mort et la jalousie est dure comme le sépulcre (Cantique des cantiques)

Je suis venu étonnamment tard à Maupassant, via un coup de main à des petits enfants qui préparaient l'épreuve anticipée de français du baccalauréat, il y a de cela une bonne poignée d'années.

J'avais bien entendu lu Boule de suif, Une vie et Le Horla, si j'ose dire ''comme tout le monde'', mais c'est Bel-Ami, merveilleux roman au programme ces années-là, qui me l'a réellement fait découvrir et admirer, enchaînant ensuite sur Pierre et Jean puis Mont-Oriol.

J'avais négligé Fort comme la mort. C'est réparé. Attachant, émouvant. Emballé! Je l'ai trouvé dans un fonds de "beaux  livres" hérité de mon père, qui se passionnait pour les éditions destinées aux bibliophiles sans jamais les ouvrir, achetant en parallèle les ouvrages qu'il voulait lire en collection de poche pour ne pas les user.

C'est il me semble un régal de lecture. La peinture d'une société privilégiée si elle n'y atteint pas au génie de Proust est d'une grande finesse et d'une lucidité acide. Mais c'est surtout le cheminement  particulier des amours d'Olivier Bertin et de la comtesse de Guilleroy qui captive, étonne, retient et peine dans la fatalité d'une ruse du destin qui leur refuse les accomplissements sereins d'un attachement au long cours. 

Je vais me répéter : Proust fera un pas de plus dans l'analyse psychologique, toutefois, l'ébranlement amoureux en ses approches insidieuses, la jalousie en ses premiers linéaments puis, tous poisons installés, les ravages de l'un et de l'autre, Maupassant sait les déployer au sein d'un récit qui les enchasse de mille tableaux subtils, derrière l'écran cruel et détaillé des conventions mondaines et de la vaine absurdité qu'elles construisent, un récit qui touche aussi parce que réflexion sur l'âge et le passage du temps.