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Mémoire-de-la-Littérature
8 décembre 2021

RICHARD FORD, ÉCRIVAIN AMÉRICAIN ......

Capture d’écran 2021-12-08 à 12

Les livres de Richard Ford, du moins ceux que j'ai lus, en commençant par Un été dans le Michigan, m'ont dès le départ semblé prodigieusement américains, c'est à dire ne pouvant pas être écrits par un autre qu'un américain, ce qui comporte pour le lecteur que je suis sa part d'irritation en même temps qu'un jugement implicite assez négatif. Ce sont des livres qui supposent, derrière la plume, une grande carcasse mal dans sa peau à la pensée assez confuse, sans vrais problèmes matériels, sans véritable investissement affectif, naviguant dans la vie sans parvenir à y tracer un chemin bien certain mais néanmoins passablement alcoolisé, d'un alcoolisme mondain où les bons vins français côtoient les alcools forts au cœur d'une litanie agaçante de noms propres de rues, d'états, de villes, de littérateurs qui donne l'impression que le monde se réduit à ce qui se voit, se dit, se fréquente, se lit et visiblement peine à se penser entre la côte est et la côte ouest des USA.

Voilà du moins le sentiment qui naît pour moi des livres de Richard Ford et qui se projette sur les narrateurs de ses romans ou de ses nouvelles, ici de ses dix dernières nouvelles publiées.

Le recueil a été chroniqué dans une chaleur admirative sur France-inter (Le Masque et la plume du 28 novembre dernier, sauf erreur).

Je me suis efforcé, immédiatement après la lecture de chaque nouvelle, de définir en quelques lignes tracées à chaud, sans l'ambition d'aucun recul, l'impression laissée. Je les transcris en m'interdisant de les "rédiger":

Rien à déclarer (c'est la première nouvelle; elle donne son titre au recueil):

Effectivement! Profondément inintéressant. Une indolence non concernée.

Happy :

Snobisme nombriliste et alcoolisé. Microcosme de privilégiés insupportables et inutiles. Décadence plus ou moins veule.

Remarque - orthographe, page 55 : Tu va   (sans "s").

En transit :

Médiocre ressassement de souvenirs immatures et mous dans le tâtonnement d'une adolescence sans colonne vertébrale. Triste et fadasse.

Remarque- pages 83-84-92: manman (pour maman; coquille ou alors ?) 

La traversée :

Enfin! Quelque chose de bien. Impeccable, forme et fond. On peut s'identifier …

Remarque: une femme professeur est ici une professeure (traductrice: Josée Kamoun), page 109, choix que je désapprouve.

En route :

Ah, c'est une confirmation. Une nostalgie assez touchante, une vraie situation . Intéressant.

Remarque- coquille page 132 : … semble durer que de quelques secondes

Savoir se tenir :

Pas désagréable, avec des réflexions dont on n'est pas assuré qu'elles aient toutes du sens mais qui construisent une atmosphère molle et néanmoins porteuse, comme quand on se laisse flotter sur le dos en mer.

Un type qui dérive, veuf incertain et déstructuré.

Jimmy Green - 1992 :

Pas mal. Les françaises sont décidément faciles, et les américains républicains très cons. Un type entre deux, vaguement n'importe quoi, avec des moyens injustifiés. Comment vivre inutilement, en quelque sorte.

Kenosha :

Très réussi. Ces américains donnent le sentiment d'être de grands imbéciles déstructurés accrochés à des choix vagues et à des équipes de base-ball, avec des idées de pêche à la ligne  et des pensées molles.  Il y a ici un art de donner du charme à la médiocrité fataliste. Ils n'agissent pas. Ils sont agis, par le destin, le hasard, leurs femmes, leurs filles …

Un jour de liberté:

Très bien. Rien à dire de plus. TB.

Langue seconde:

Très bien. Une errance psychologique attachante; un sfumato vital plein de charme, une forme d'interrogation inquiète dans le sentiment d'être dépassé, mais sans savoir exactement par quoi. Exister, au fond, sans comprendre ce que cela veut dire.   

Remarque - page 371 : … il n'avait jamais vue pleurer Charlotte … (ici, le "e" est de trop).

On voit qu'au bout du compte, tout n'est pas négatif. Mais c'est la peinture ( finalement réussie) d'une Amérique de divorcés aisés, incertains d'à peu près tout, centrés sur des parties de pêche, des équipes de football (américain!) ou de base-ball,  des souvenirs d'universités où ils sont passés sans y apprendre grand-chose, des choix de boissons ou de bons plats, des questions existentielles comme ne s'en posent que les gens qui n'ont pas de problème d'argent, dans une oisiveté assez affligeante de l'intelligence .

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