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Mémoire-de-la-Littérature
22 juin 2022

WESTERNS ...

Haycox

C'est une relecture (cf. mon blog AutreMonde, article: En attendant Pap Ndiaye). Et j'ai bien fait. Le western est un genre difficile à l'écrit et autant j'ai, plus jeune, été passionné par sa représentation à l'écran, autant j'en ai assez peu lu. Un genre d'ailleurs qui a connu  un terrible passage à vide après l'acmé Sergio Leone sans pour autant négliger quelques magnifiques rebonds et, dans un renouvellement du style, par exemple, le formidable Little big man d'Arthur Penn, le très beau Danse avec les loups de Kevin Costner, les contributions d'Eastwood, Pale Rider, Impitoyable ou d'Ed Harris, Appaloosa. Mais côté bouquins, j'avais le sentiment d'un désert littéraire jusqu'à la découverte du magnifique Faillir être flingué, de Céline Minard, publié en 2013 chez Payot-Rivages, une épatante réussite.

Je raconte mal et ce n'est pas tout à fait ça. La véritable affaire, je la dois à Appaloosa. Le roman éponyme de Robert B. Parker a été une lecture d'été d'Ed Harris dans les années 2000. Il s'est entiché des personnages et des situations au point de vouloir les porter à l'écran, ce qu'il a fait, réalisé et interprété, embarquant dans l'aventure Viggo Mortensen, Jeremy Irons et Renée Zeilweger. J'ai été emballé dès la sortie et j'ai voulu remonter à la source, l'Appaloosa de Robert B. Parker. C'est le premier volume d'un cycle consacré à Virgil Cole et Everett Hitch, deux fines gachettes qui louent à des fins d'ordre public leurs compétences complémentaires aux municipalités en quête de marshals. Le cycle se poursuit avec Brimstone, Resolution et s'achève avec Blue eyed devil, pour cette simple raison que la mort de l'auteur, en 2010, a écrit le mot fin.

Ce n'est pas de la grande littérature, mais c'est formidablement attachant. Il y a là un mystère, tant le style est plat, sans effets, avec un vocabulaire simple, et une avancée essentiellement fondée sur des dialogues entre les deux héros où le "il dit / je dis" (c'est Hitch, le narrateur) est la cheville essentielle. Mais voilà, une petite magie opère, sans doute parce qu'il y a dans la personnalité des deux héros et dans la figure féminine qui s'y raccroche, Allie French, antihéroïne inattendue et omniprésente, la construction d'un groupe tragique constamment confronté à un destin qui n'est pas sans analogie avec celui de Sisyphe et qui, sous le convenu des classiques situations du western, introduit des affrontements psychologiques à l'originalité réelle et souvent touchante. Il n'y a pas à ce jour de traduction disponible.

Je m'y étais collé au début des années 2010, mais je n'avais sans doute pas heurté à la bonne porte et ma version de la quadrilogie est encore dans mes tiroirs. J'ai même écrit le cinquième volet, car il ne me semblait pas possible que Virgil Cole puisse survivre à son auteur et j'ai rédigé pendant l'été 2015 (ou 2016?), dans le sud de la France, un Hitch & Cole terminal sous la quasi dictée de Robert B. Parker.  

Dans les ressassements des confinements covidés de 2020, je suis un peu revenu là-dessus et c'est sans doute alors qu'à la lecture d'une interview ancienne de Bertrand Tavernier, j'en suis arrivé à Ernest Haycox et à ses Clairons dans l'après-midi, lus puis jusqu'à ces dernières semaines, oublié.

Je ne me souvenais même pas de l'articulation de la ligne narrative autour de la figure de Kern Shafter, pion obscur de la campagne déplorable qui conduira Georges Armstrong Custer à la tragédie de Little Big Horn, mais héros complexe au centre ou témoin de conflits individuels  qui dressent une peinture profonde des conditions de vie d'une compagnie militaire, dans l'hiver du Dakota,  au coeur d'un fort en territoire hostile. On entre là-dedans et on y reste ...

Indiscutablement, un riche et beau roman.

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