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Mémoire-de-la-Littérature
20 octobre 2023

SAMUEL PATY, DOMINIQUE BERNARD, L'ECOLE

         Samuel PatyDominique Bernard

 

La mort de Samuel Paty le 16 octobre 2020 a été un choc sans précédent auquel l'Etat n'a pas alors, ni depuis, su répondre. Celle de Dominique Bernard, le 13 octobre dernier, vient nous le rappeler. Dans les deux cas, les congés de Toussaint jetteront sur le drame les prémices du retour à l'inaction. Une légion d'honneur accrochée au cercueil et bienvenue à la reprise de la routine.

Derrière ces drames, individuellement épouvantables, l'inaptitude et l'incapacité de l'Etat à saisir la portée réelle de la question éducative veillent, dans le souci maintenu de la poursuite du même, tant les effraie la perspective des nécessaires renouvellements, la perspective de l'indispensable reconstruction exhaustive d'un système de formation dont ces morts terribles ne sont que l'un des aspects marginaux de l'échec global.

Même au niveau des symboles, le compte n'y est pas. En octobre 2020, il me paraissait évident que Samuel Paty exigeait un deuil national de quelques jours et l'obligation pour tous les élèves et les personnels des établissements d'éducation du port dans l'enceinte de ces établissements d'un brassard noir jusqu'aux congés de Noël. Cette exigence, devant les inerties qui ont suivi, est aujourd'hui usée.

Il faut pourtant, dans de telles circonstances, une réaction absolument collective et absolument forte, immédiatement symbolique, puis obstinément fonctionnelle, témoigner du choc, analyser sa portée, dégager les axes d'une réponse, mobiliser les moyens, déclencher la réplique.

Une action aujourd'hui de court terme symbolique et efficace - On ne peut pas continuer "comme avant", on ne peut plus continuer "comme ça"  - peut être de banaliser dans tous les établissements publics et sous contrat  les sept matinées de lundi du deuxième demi-trimestre qui va commencer le six novembre, pour les consacrer à une prise de parole encadrée des élèves. On peut imaginer un dispositif demandant la présence effective de tous les personnels enseignants afin de garantir un minimum de deux interlocuteurs adultes par classe. L'échange serait à centrer sur l'actualité du monde comme il va, proche ou lointain, à partir des événements de la semaine précédente et en l'adossant d'abord aux interrogations des élèves. L'établissement est une communauté éducative qui, à travers les élèves, s'élargit aux parents, et c'est dans un tel dialogue régulier que peuvent et s'installer la prise de conscience collective des problèmes et se cerner les blocages individuels à traiter. On parle à tout propos de libérer la parole.  À l'école aussi une part des problèmes est là, et il ne faut pas en avoir peur.

Au-delà … tout restera à faire. Nous sommes des spécialistes des pleurs et des hommages. Ils ne rebâtissent rien. À chaque problème, nous appliquons une rustine. Il faut repenser l'édifice dans son ensemble. Le suggérer, puis esquisser des pistes, c'est s'assurer qu'on ne sera pas écouté tant l'immensité de la tâche décourage le politique. Elle excède notablement la responsabilité gestionnaire d'un ministre. Elle exige l'engagement total de l'Etat. Peut-on imaginer, quand seront retombés les youyous des pleureuses, un programme pour 2027 qui ne soit que cela : Reconstruire la Nation et Construire l'Avenir par la Reconstruction de l'Ecole?

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