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Mémoire-de-la-Littérature
14 octobre 2008

Donald Morison / Antoine Compagnon

Culture ? Grandeur ? 

(Ce texte a été également mis en ligne sur AutreMonde)

Un article de Franck Nouchi dans le supplément hebdomadaire Le Monde 2 du 20 septembre dernier était consacré au petit livre publié chez Denoël rassemblant deux contributions, l’une  de  Donald Morison, journaliste « culturel » américain : Que reste-t-il de la culture française ? et l’autre , en forme de réponse, d’Antoine Compagnon, sous le titre : Le souci de la grandeur.

La décision d’illustrer l’article par la photo d’affiche d’Entre les murs  m’a semblé finalement intéressante car assez symptomatique d’un certain flottement conceptuel et à tout le moins susceptible d’interprétations diverses selon qu’on voit dans le sous-film du film le constat d’un échec ou des raisons d’espérer …

La  légende qui accompagne ce choix: Un film français de grande qualité va-t-il enfin rencontrer le succès un peu partout dans le monde ? … pose d’ailleurs de fait le problème . Le problème, ou un problème, ou même de nombreux problèmes, qui courent en filigrane à travers les deux textes de  Morison et de Compagnon. Ainsi :

La  notion de « Culture » est-elle identifiable à celle de « Marché de l’art », voire de  « Marché » tout court ?

L’audimat, les sondages, la faveur du public sont-ils les seuls déterminants valables de la qualité d’un « objet culturel » ?

La classe semi-fictionnelle filmée par Cantet doit-elle nous arracher, avec  une grimace de dépit, un « Et c’est ça, maintenant, la culture !? » ?

Au contraire, dans une prise de conscience qui veut dépasser les contradictions de l’actuel désarroi pédagogique, devons-nous réagir et redresser la tête et l’affirmer : « C’est pourtant là, sur ce champ provisoire de ruines, dans cette arène d’adolescents déstructurés, que tout se joue et pourrait se reconstruire, que la culture doit, peut et pourrait reprendre son essor ! » ?

Le petit livre que publie Denoël n’est que l’amplification « marketing » de la polémique née d’un article de Donald Morison publié dans l’édition européenne de Time Magazine datée du 3 / 12 / 2007 sur « La mort de la culture française », à quoi Le Monde avait souhaité réagir et sollicité pour ce faire Antoine Compagnon (c’est lui-même qui le précise, ajoutant un modérément enthousiaste: Pourquoi pas ? )

L’article-réponse de Compagnon est  publié en page Débats du Monde … le vendredi 30/11/2007. Miracle des datations de la presse. Passons… [J’avais parlé en son temps de cet article (à  me relire, fort négativement). Voir : Le déclin français … vu du Collège de France].

Compagnon nous en fournit ici une extension (assez conforme au premier canevas) « à la demande des éditions Denoël ». Décidément … que du travail de commande !

Sur le fond, rien de bien nouveau donc, encore que … 

Morison reprend et développe ses thèses : la culture, ça se mesure, au prix des œuvres, au nombre des expos, à la notoriété sondagière des artistes, au nombre des traductions … tous outils de calcul qui ne sont pas à l’avantage de la France. Il donne aussi quelques pistes, de l’ordre du diagnostic, et quelques autres, dont certaines connexes aux précédentes, en forme d’ordonnance. 

Parmi les causes du « déclin », Morison pointe notre système scolaire « naguère réputé pour sa rigueur » et évoque, en se référant à un « livre de prof » (Fanny Capel. Publiée chez Ramsay en 2004) ce « corps enseignant [qui] parvient à  amener 80% d’une classe d’âge au baccalauréat en révisant à la baisse ses exigences », plaidant qu’en d’autres temps «  la rigidité même du système scolaire a nourri la vitalité culturelle de la France », tant on ne s’affirme bien que par opposition à l’éducation qu’on reçoit. Il critique qu’en France « l’éducation et la culture [soient] des mondes étrangers l’un à l’autre, placés sous l’égide de ministères différents », alors qu’ailleurs (et il pense entre autres fortement aux USA avec dans les universités leurs filières de « creative writing », leurs départements d’arts plastiques (Yale)…) « on attend des institutions d’enseignement qu’elles jouent un rôle de pépinière pour l’excellence culturelle ».

Et pour sauver les meubles, Morison nous suggère à la fois de réformer le système scolaire et de prendre en compte, appuyés sur MC  Solaar, Abd Al Makik, Diam’s, … (et  au risque d’une apoplexie de Finkielkraut ?) cette question : « Comment une nation peut-elle entretenir sa grandeur sinon en se nourrissant de l’énergie venue de ses marges ? », citant Frédéric Martel (enseignant à Sciences-Po , ancien attaché culturel aux USA, producteur à France-Culture, écrivain…): « L’Amérique n’est pas seulement dominante parce qu’elle a une culture impérialiste, mais parce qu’elle est devenue avec ses minorités immenses le monde en miniature ». Drôle d’argument que ce rebond de l’identité culturelle par immersion dans le grand tout d’un communautarisme mondialisé !

Enfin Morison dénonce, en annexe à un interventionnisme qu’il juge excessif de l’état, que « les esprits les plus conformistes de l’establishment culturel [de la France ne cessent] d’imposer leur propre vision » et, emporté par l’élan libéral d’une Amérique où les fonds privés joueraient à plein en faveur du soutien de l’effort artistique, il en vient à lier l’espéré sursaut de notre culture à une baisse des taux d’imposition et à  la suppression de l’ISF ! Je n’y aurais pas spontanément pensé !

Lors, qu’en dit Compagnon ?

Sa contribution, quantitativement assez modeste (Morison : 128 pages ; Compagnon : 69 pages) m’a surtout étonné par la forme qu’elle prend d’une autobiographie liminaire, destinée visiblement à éclairer d’un « D’où parle celui qui dit ? » son propos, qu’il veut équilibré et presque … entre deux rives, Hexagone et Côte Est. Intéressant d’ailleurs de suivre ce parcours de formation où les grands moments d’histoire contemporaine qu’il a vécus l’ont été outre Atlantique, présent sur le territoire américain le 22/11/1963 (assassinat de JFK) comme le 11/09/2001 (Twin towers) : « Une bonne partie de ma famille et de ma vie colle aux Etats-Unis ».

Son plaidoyer, je l’ai dit, ne développe pas outre mesure ce qu’il avait écrit fin 2007.

Il montre « peu d’enthousiasme pour les remèdes multiculturels [que Morison nous prescrit] pour nous redresser ». Il fait une revue de presse (assez complète, me semble-t-il) des écrits des « déclinologues » de tous poils … et confirme en gros les réserves de Morison.

Et puis il fait  un peu de « Compagnon », digressant, à propos de cette « spécialité française [qu’est] la déploration culturelle », sur « le cri de Chateaubriand, Inutile Cassandre !, à la chambre des pairs le 7 août 1830, lorsqu’il refusa de prêter serment à Louis-Philippe ».

Note :  Après les « Trois glorieuses » (27-28-29 Juillet 1830), Charles X cède la place à Louis-Philippe à qui la Chambre des députés accorde la confiance le 7 Août par 219 voix sur 252. La Chambre des pairs, de son côté, où siège Chateaubriand, a été saisie de la vacance du trône. Et c’est, dans les Mémoires d’Outre-Tombe, Livre trente-Quatrième, Chapitre 7, le long morceau de bravoure du récit de cette journée  « où, écrit Chateaubriand, j’ai eu le bonheur de terminer ma carrière politique », avec ce discours devant la Chambre que, dit Chateaubriand, « je conserve parce qu’il résume ma vie, et  que c’est mon premier titre à l’estime de l’avenir » ….. où s’entend le « cri » célèbre qu’évoque Compagnon, en fait ce  paragraphe :

« Inutile Cassandre, j’ai assez fatigué le trône et la patrie de mes avertissements dédaignés ; il ne me reste qu’à m’asseoir sur les débris d’un naufrage que j’ai tant de fois prédit. Je reconnais au malheur toutes les sortes de puissances, excepté celle de me délier de mes serments de fidélité. Etc. »

Chateaubriand  écrit un peu plus loin : « J’avais été assez calme en commençant ce discours ; mais peu à peu l’émotion me gagna ; quand j’arrivai à ce passage : « Inutile Cassandre, j’ai assez fatigué le trône et la patrie de mes avertissements dédaignés », ma voix s’embarrassa et je fus obligé de porter mon mouchoir à mes yeux pour supprimer des pleurs de tendresse et d’amertume » .

Ah !, ces grands hommes et leur pathos et leur aptitude à s’émouvoir d’eux-mêmes ….  Sacré François René !

Fidèle à lui-même, Compagnon en profite pour passer - saut de côté et de « Mémoire-de-la-littérature » - de Chateaubriand à  Baudelaire :

Un vieux sphinx ignoré du monde insoucieux,

Oublié sur la carte, et dont l’humeur farouche

Ne chante qu’aux rayons du soleil qui se couche….

… avant de recentrer son propos (il  n’évite pas une petite et peut-être signifiante erreur en transformant en  « Pas touche à mon pote » le  « Touche pas à mon pote » plus acéré de la génération SOS-racisme) sur quelques arguments que je reprendrai … et qui débouchent sur une conclusion étonnante, si étonnante que je la reproduis tout de suite in extenso, avec cette question sous-jacente : Jusqu’où va le sérieux de cette pirouette potache, de cette défausse à mi-chemin du ricanement et du constat d’échec ?  Voici, pour juger sur pièces :

« Nous conservons d’immenses atouts, en particulier aux Etats-Unis, et, curieusement, Donald Morison n’en souffle pas mot. C’est la détestation de la France qui la sauve en Amérique, et nous pouvons de ce point de vue nous rassurer : nous continuons de tout faire pour irriter. La France est la nation qui exaspère, celle que les autres nations ne se lassent pas de vitupérer, celle qui survit grâce à l’aversion qu’elles ont pour ses ignominies. Au fond, ce qu’on aime en la France, ce sont les raisons de faire honte à cette donneuse de leçon. La culture française est celle qu’on adore maudire, et nous traînons derrière nous tellement de casseroles, nous avons tant de cadavres dans le placard, qu’on n’est pas près de nous oublier.

J’écris cette phrase en revenant de l’exposition du photographe collaborationniste André Zucca, « Les Parisiens sous l’Occupation », à la Bibliothèque historique de la ville de Paris, exposition en effet honteuse. Comme prévu, l’International Herald Tribune lui a consacré un article de Une, plus long et complet que tous ceux de la presse française. « Ah ! Ces Français, ils n’en ratent pas une. Toujours vichyssois, toujours pétainistes. Ils étalent en 2008 les splendides photos en couleurs du photographe attitré de Signal, magazine de propagande nazi, comme si c’était la Belle Époque et la douceur de vivre ! Une ou deux étoiles jaunes passent çà et là : ça fait une jolie touche de couleur rimant avec un bock de bière et une grappe de cerises. »

Ce qui nous sauve en Amérique, ce qui fait qu’on parlera encore longtemps de nous, c’est l’affaire Dreyfus et le vieil antisémitisme français, c’est Vichy et la collaboration, c’est le colonialisme et la torture en Algérie, c’est à présent le néocolonialisme en Afrique et le racisme et l’islamophobie en France. Jetez les yeux sur le programme d’un colloque d’historiens américains ou sur celui du congrès annuel de la « Modern Language Association », l’association des professeurs de langue, de littérature et de culture aux Etats-Unis. La grosse majorité des travaux qui portent  encore sur la France farfouillent dans nos hypocrisies, nos intolérances, nos forfaits, nos crimes, depuis la Saint-Barthélémy et la révocation de l’Édit de Nantes jusqu’à la loi sur le « foulard islamique » ou l’enbrasement régulier de nos banlieues.

Sans cela, on n’existerait plus, on serait  comme les Suisses. Imagine-t-on qu’une autre culture que la française fasse la couverture de Time, fût-ce de l’édition européenne : « La mort de la culture belge ? », « La mort de la culture serbe ? » Non, culture et France sont synonymes, veulent dire ce qu’on aime détester – ou encore ce qu’on déteste aimer, malgré l’affaire Dreyfus, malgré  Vichy, malgré le général Aussaresses, dernière célébrité des campus. Cela me rappelle ce collègue de Genève qui enseignait à New York durant un semestre. Tous les jours, il lisait le New York Times de la première à la dernière ligne : jamais un mot sur la Suisse. Enfin, au bout de trois ou quatre mois, un article sur les banques de Zurich, complices des nazis dans le blanchiment de l’or dont les Juifs de l’Europe entière avaient été spoliés. Il en eut honte, mais il fut presque soulagé.

Nous n’avons rien de tel à craindre. Entre les procès de Paul Touvier et de Maurice Papon, l’amitié de François Mitterrand pour René Bousquet, les sorties récurrentes de Jean-Marie Le Pen sur le « détail », les responsabilités de la SNCF dans les déportations, le peu d’empressement mis par les conservateurs des musées français à rechercher les propriétaires légitimes des œuvres récupérées après la Seconde Guerre Mondiale, tant que la France agacera le monde, en particulier l’Amérique, on ne nous lâchera pas. Bien sûr, ce n’est pas une raison pour cultiver nos vices et notre immoralité. Mais l’expérience semble établir qu’on peut nous faire confiance pour que nos mauvais penchants continuent de s’exprimer. La vraie mort de la culture française sur la scène internationale, ce sera quand le monde cessera d’abominer la France, ce sera quand la culture française ne donnera plus de raisons qu’on aime l’abominer. Ne devenons donc pas trop bons, mais ce n’est pas demain la veille. »

Il s’en est donné à cœur joie, l’Antoine. Et moi, j’ai bien ri. Mais enfin, est-ce vraiment un plaidoyer ? Rappelons, en amont, l’intitulé de sa contribution : Le souci de  la grandeur …. Le  trait porte, indiscutablement, mais, lâché ici pour conclure, porte-t-il bien le débat à la hauteur de ses enjeux et ouvre-t-il des voies ?

Et avant, qu’avait-il donc creusé ?

Il avait beaucoup regretté, dans l’action extérieure de la France, condition de son rayonnement, « le réseau universitaire de haut niveau que la Troisième République avait créé et qui touchait des milliers d’étudiants (…)  [réseau aujourd’hui] démantelé, quitte à reconstituer, comme en Égypte, des universités françaises ou francophones ruineuses et qui ne marchent pas ». 

Il avait déploré encore que « Parmi les conseillers et attachés culturels ainsi que les personnels détachés dans les instituts français, les professeurs [aient] cédé le terrain aux animateurs ».

Il avait finalement décrit, s’étendant de l’intérieur de l’Hexagone même à ses prolongements à l’étranger, dans une critique tous azimuts, un tissu invraisemblable d’organismes dispendieux et incoordonnés (dont la Villa Médicis, très récemment et après polémique, confiée souligne-t-il « à un animateur de haut vol »( !)) aboutissant à une gabegie inefficace dans l’emploi des deniers publics. Un lourd et long constat, extrêmement sévère !

Soulignant l’importance absolue de l’enseignement urbi et orbi, de la langue française, présenté seul garant d’un avenir pour notre culture, il avait  marqué, enfin, plus que des réserves sur le métissage dans lequel il croit nous voir nous engager : « Voyez la Palme d’Or de Cannes décernée par un jury expressément politique à Entre les murs de Laurent Cantet qui, sentant le vent, a mis en scène une classe multiethnique et un pédagogue libérateur », dérapant ainsi d’un souci juste (le maintien de la langue) à l’interprétation réductrice d’un film dont l’objectif – éventuellement involontaire – pourrait bien être ailleurs, dans l’exigence d’une réponse absolument affirmative à la question que je regrette qu’il se contente de poser : « La sortie du déclin passerait-elle par la refondation de l’école ? ». Évidemment !!!!

Car c’est bien là le point faible essentiel de ces propos critiques d’Antoine Compagnon et peut-être, cette question posée, la raison, par manque d’inventivité généreuse et lucide, de la coda sarcastique transcrite ci-dessus en lieu et place de propositions solides.

Car l’objectif devrait être là :  refaire de l’école non pas le lieu immaîtrisé d’un métissage de fait dans l’effondrement des savoirs et des meilleures et des plus formatrices des valeurs auxquelles nous pouvons croire … mais bien l’espace privilégié d’une intégration de tous, dans la reconnaissance des différences, dans la construction d’une culture exigeante et commune, soucieuse des leçons du passé comme ouverte sur le présent, dans le respect de l’inégalité des dons. Un respect compatible avec  l’accès de tous à une citoyenneté dialoguée de haut niveau et avec, en parallèle, un soutien efficace à l’éclosion des excellences individuelles.

Mais il faut, hélas, décidément croire que ceci est et sera une autre histoire …. 

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Commentaires
N
Philippe Val avait raison, comme cela doit être inquiétant et affligeant d'être aimé par une majorité !!
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S
Finalement, seul le pseudo est assez amusant, avec sa double connotation...<br /> Pour le reste, je me vois contraint de revenir à une sage modération des commentaires qui sont donc à dater d'aujourd'hui filtrés.<br /> Ce retour d'un insulteur médiocre est évidemment navrant.<br /> Je laisse en ligne quelques jours, pour information, son regrettable commentaire , découvert ce matin.<br /> Pour emprunter à Philippe Val sa formule lors de l'affaire des caricatures de Mahomet, je présente à Antoine Compagnon, à travers l'exemple ici tristement donné, mes condoléances: "C'est dur d'être aimé par des cons...".
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T
Mais non, Nico la nigaude se trompe comme toujours ! Il y a eu plein de professeurs de Lettres qui sont intervenus sur ce blog l'an dernier, mais son compère, l'arroseur arrosé, l'insulteur insulté, le modérateur immodéré, le corbeau désanonymé, nous a coupé le sifflet avant même qu'on ait eu le temps d'apprendre par exemple à Nico, comme nous en avions l'intention, qu'"éloge" était un mot du masculin (on dit :"un éloge" pas "une éloge").<br /> <br /> Mes amis s'étaient un peu lassés mais je leur ai dit : "Ce pauvre vieux con, y s'donne du mal et y'a pratiquement plus personne, en dehors de Nico la nigaude, pour s'intéresser encore aux débilités de son blog ; ce serait gentil de lui mettre un petit mail avant la reprise." <br /> <br /> Alors, vieux bouffon de Collège, tu prépares ta petite rentrée : ton déluge de conneries habituelles sur les oeuvres au programme et sur les cours, d'une part,ton égoût d'allusions salaces et minables aux moeurs sexuelles et à la tronche de Compagnon et de ses invités, d'autre part ?<br /> <br /> Ton vieux pote qui ne t'oublie pas !<br /> <br /> Marcel Tibère.
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