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Mémoire-de-la-Littérature
24 novembre 2007

On s'y remet ? ....

RELECTURE ..... Je viens de relire - étalement sur une grosse semaine - l’ensemble des leçons 2006/2007 de Compagnon, à l’exclusion des séminaires. Une expérience ... Il voulait me semble-t-il entrer au Collège de France par la porte même que Roland Barthes avait laissée entrouverte, qui avait annoncé avant son tragique accident un cours à venir autour du thème central: “Quand la littérature se souvient de la littérature...”. Ici, Mémoire de la Littérature. Proust. Retour, qui sait?, sur une certaine enfance de formation personnelle, avec Barthes dans la figure du père? Et du coup [...biaisons la citation sans honnêteté excessive ni scrupule]: “(...) Il y a bien des années de cela (...) En moi aussi bien des choses ont été détruites que je croyais devoir durer toujours et de nouvelles se sont édifiées, donnant naissance à des peines et à des joies nouvelles que je n’aurais pu prévoir alors, de même que les anciennes me sont devenues difficiles à comprendre. (...) La possibilité de telles heures ne renaîtra jamais pour moi. Mais depuis peu de temps, je recommence à très bien percevoir, si je prête l’oreille, les sanglots que j’eus la force de contenir devant mon père et qui n’éclatèrent que quand je me retrouvai tout seul (...) En réalité, ils n’ont jamais cessé; et c’est seulement parce que la vie se tait maintenant davantage autour de moi que je les entends de nouveau, comme ces cloches de couvents que couvrent si bien les bruits de la ville pendant le jour qu’on les croirait arrêtées mais qui se remettent à sonner dans le silence du soir.” [in Combray] Y aurait-il cela, au départ? Les premières leçons s’épuisent - assez vainement - à donner une sorte de cadre référencé et pseudo-scientifique à ce concept incertain mais annoncé de “Mémoire-de-la-littérature”. On se frotte à force débuts de pistes, mémoratifs rousseauistes, rhétorique à Herennius, espace-temps de la mémoire, boussole intérieure de Schopenhauer, mémoire-habitude ou mémoire-souvenir de Bergson, odologie littéraire d’Ernst-Robert Curtius, mémoire floue du littérateur contre mémoire claire de l’historien, défense et illustration de l’a-chronologie contre la chronologie, réminiscences anticipées: poteaux indicateurs et ramiers fraternels et “il y a du Dostoievsky chez Mme de Sévigné”; on se fait un peu engueuler a posteriori par Harald Weinrich, qui fut de la maison, ayant dit le contraire de ce qu’il avait dit avant nous, et on s’en défend, on livre quelques anecdotes et on bifurque sur quelque souvenir .... Vaste combat érudit, un peu confus, tout rempli de cette inquiétude: Où aller? Démarquant le mot sur Polignac que j’ai rapporté quelque part dans ces résumés de leçons, l’auditeur sort des premières séances en se disant: “Antoine Compagnon est tout à fait décidé à faire cours, l’ennui, c’est qu’il ne sait pas sur quoi!”... Cruauté des contestataires et coup de pied de l’âne... Et puis on s’habitue. Le cours trouve son rythme et le flou sa raison. La Mémoire-de-la-littérature, c’est cette mer immense construite par et autour de La Recherche, où circulent des courants de fond, des masses d’eau culturelles compactes ou diffuses, agonistes ou antagonistes, qui sont des souvenirs ou qui les font lever, entre lesquels on circule ou qui nous portent, et au milieu desquels, dans une promenade faussement paresseuse, Antoine Compagnon brasse ses vastes lectures, ses fausses surprises, et exhibe la gourmandise de ses citations. Il y a des tristesses (vraies) qui font (malgré tout) prétexte (le décès de Malcom Bowie et une leçon VII-hommage “à la manière de”), il y a des travaux parallèles qui déterminent une orientation provisoire (un article de Thibaudet de 1923 - La ligne de vie - parlant de “l’épaisse forêt du roman”), il y a des relances de correspondants, comme un qui sollicite: “...et Rousseau dans tout ça?” et sert (prétendument?) d’amorce à la leçon XII, comme il y a des étudiantes qui font relire leurs brouillons (de thèse) et qui offrent des références que justement, on cherchait (!), ouvrant des perspectives en leçon VI et donnant l’occasion - en tout bien tout honneur - de se féliciter de ses “bonnes fortunes” ... et puis il y a toutes ces “remontes” qui sans arrêt lui viennent et qui densifient son propos et qui obligent le preneur de notes à des recherches parallèles pour débroussailler le buisson des références allusives .... La relecture du cours est passionnante... mais ne dégage pas plus que l’écoute au jour le jour de plan d’ensemble organisé. On s’enchante seulement de replonger quelques heures dans tant d’érudition diserte et stratifiée. Oui, c’est l’impression dominante: une plongée en bonne, en très bonne compagnie dans la Recherche .... et tout à fait souvent, à côté: ... dans les marges contemporaines de la Troisième République, de Jeanne Proust à Boulanger, d’Anatole France à Barrès, et puis soudain, en leçon IX, aux accents de Wagner, aux cris (allons! allons! pas de mauvais esprit!) de Tristan et de Kurwenal ... Un cours qui s’annonçait “top down” et qui s’installa définitivement “bottom up” ... Mais une belle expérience d’immersion dans la touffeur de ce terreau où Proust va enraciner l’épaisse forêt des éblouissements incomparables de sa Recherche. Année 2007-2008 Reprise le 8 Janvier 2008. Thème central annoncé: “Morales de Proust”. Je regarde mes rayonnages: ... achevé d’imprimer en février 1953 sur les presses de l’imprimerie Habauzit - Aubenas (Ardèche), pour la Librairie Nizet, 3 bis, Place de la Sorbonne, Paris V°, le dos jauni, je vois un essai de Jacques Nathan, “La Morale de Marcel Proust”. À lire d’abord? En cinquante-cinq ans, la morale a fait des petits. En 2008, nous examinerons la question au pluriel. À suivre ..... Jacques Nathan, universitaire, auteur d’ouvrages divers: Edition de Tacite (Néron-Annales), Encyclopédie de la littérature française Histoire de la littérature contemporaine Etc. et, outre la “Morale de Marcel Proust” citée... ... auteur d’une compilation expliquée des: Références et allusions de Proust dans “À la Recherche du Temps Perdu”
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Commentaires
S
Merci des "tuyaux" dont le second, hélas ... Si "j'aurais" su ....
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N
Ce pluriel m'intrigue aussi...<br /> J'ai déniché pire vieux livre que le vôtre dans ma bibliothèque, traitant de la morale de Proust, inexistante dans la recherche mais très apparente dans ses oeuvres de jeunesse, un livre d'Henri Massis "Le drame de M.P." préfacé par bernard Grasset.(1937)<br /> Compagnon hier dans son excellente leçon au C.de F. (dans le cadre "Envie d'Amphi") a donné quelques pistes. Sa prestation était excellente, et bizarrement dans un amphi quasi vide...Tant pis pour les absents!<br /> En janvier, au seul nom de Proust, il y aura foule
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