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Mémoire-de-la-Littérature
4 décembre 2007

En samusant ...

Avertissement: Cet article est importé  d'AutreMonde et y renvoie dans sa référence aux Parcours littéraires du Louvre.
À relire “Les Plaisirs et les Jours” (Marcel Proust), œuvre de jeunesse, précieuse et contournée, mais avec malgré tout quelques joliesses réussies, je redécouvre sous le titre “Portraits de peintres et de musiciens”, un chapitre fait de quelques pièces versifiées, tombeaux divers et pour l’avouer assez médiocres, d’Albert Cuyp (1620-1691), de Paulus Potter (1625 - 1654), de Watteau (1680 - 1721), de Van Dyck (1599-1641), pour la peinture, de Chopin (1810 - 1849), de Gluck (1714 - 1787), de Schumann (1810 - 1856) et de Mozart (1756 - 1791) pour la musique.

Je ne détaillerai pas. On voit à chaque fois Proust essayer de balancer son alexandrin d’allusions à l’œuvre ou à la vie du louangé, avec des succès et des ratages et chaque fois, son nom, en un vers souligné qui fait (ou qui me fait) toujours penser à celui-ci, de Baudelaire, que je trouve assez fascinant: “Michel-Ange, lieu vague où l’on voit des Hercules”. Ici nous rencontrons:

“ Cuyp, soleil déclinant dissous dans l’air limpide ...”
“ Potter, mélancolique humeur des plaines sombres ...”
“ Tu triomphes, Van Dyck, prince des gestes calmes ...”
“ Chopin, mer de soupirs, de larmes, de sanglots ...”
“ Gluck aussi comme Alceste a vaincu par l’amour ...”
“ Schumann, soldat songeur que la guerre a déçu ...”

...et puis, pour que la règle soit confirmée par l’exception, point de Mozart, alors qu’il l’a frôlé et pouvait proposer :

“Mozart, l’âme allemande en ses profonds soupirs ...” ou:
“Mozart, si chaud encor des adieux d’un beau jour...” ou:
“Mozart, Flûte enchantée loin de l’oubli qui fane ...”

... trois approximations démarquées de ses vers. Mais, laissons là.

Ce qui m’a amusé, de fait, c’est de retrouver ici Paulus Potter et Anton Van Dyck, deux peintres inégalement honorés mais honorés tous deux dans le cadre des Parcours Littéraires du Louvre du mois d’Octobre (“Le petit pan de mur jaune”) dont j’ai rendu naguère compte, Van Dyck choisi par Charles Dantzig (Portrait des princes palatins), Potter par Agnès Desarthe (Le Cheval Pie), avec dans chaque cas, même si pas précisément sur ces tableaux-là, un vers proustien:

“Sa jument résignée, inquiète et rêvant” (Potter)
“Enfants royaux déjà magnifiques et graves” (Van Dyck).

Comme j’étais le mois dernier au vernissage d’un peintre que j’ai la chance de connaître, dont la personnalité me charme et dont le talent hors du siècle m’étonne, je me suis amusé, mes vers ne pouvant être guère plus mauvais que les siens, à pasticher sinon tout à fait la manière du moins l’idée de Proust - Marcel me pardonnera, c’est une démarche qu’il affectionna - et à rajouter à sa galerie un portrait supplémentaire. Celui-ci:

“...
Vrai ou faux on m’a dit l’atelier rue Delambre
À deux pas du Sénat et non loin de la Chambre
Des députés. Ainsi, elle peut à loisir
Aller son train de sénateur ou, pour saisir
Le mouvement avant qu’il déforme les lignes
Comme ils font en séance en suspendre le signe
Et, regard étonné sur un cou alangui
Peindre la chair surprise avant qu’elle s’ennuie.

Van Hove, songes clairs, transparences intimes,
Nus à peine habillés, jeunes filles en fleurs,
Proximité des chairs mais sans que s’y exprime
Au soleil du désir quelque trouble sueur.
Le sein est arrondi et le chapeau de paille
À l’ombre d’un figuier on bavarde, on travaille,
On lit, on est pensive, on se verse du thé
Entre femmes, entre soi, et du monde abritées.
...”

Aux champs le sous-préfet, et le blogueur s’amuse?

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