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Mémoire-de-la-Littérature
10 décembre 2010

Annus Mirabilis "Perso" ...

Bon, je me suis malgré tout décidé à consacrer quelques instants à la relecture du planning des séminaires à venir, histoire d’essayer d’y deviner, en filigrane, un peu des contenus de cette année 1966 dont on nous promet des merveilles. Bien entendu, j’ai fait aussi un saut du côté de Wikipedia (http://fr.wikipedia.org/wiki/1966) … Mais encore ?

Le numéro 4 de la revue Aléthéia, en mai 1966, a mis à son sommaire Levi-Strauss, Roland Barthes, Maurice Godelier et Martin Heidegger. Entre juxtaposition et convergences, il semble de toute façon que le structuralisme soit alors à l’ordre du jour. François Dosse, le 11 janvier prochain, veut nous parler de son année-lumière … Titre en clin d’œil, puisqu’il y a là, stricto-sensu, la  mesure d’une distance, celle parcourue en une année par la lumière, qui se déplace dans le vide à la vitesse (ordre de grandeur) de 300 000 km/s. L’année-lumière du structuralisme, ce seraient donc ses 300 000 x 365 x 24 x 60 x 60 km ? Environ 9460 milliards de kilomètres ! Ce qu’on appelle une théorie étirée ! Espérons que ce ne sera pas « par les cheveux ».

Bon, plus sérieusement, il voudra sans doute être question là de l’année où le structuralisme est arrivé à sa pleine lumière, a accédé à la lumière. 1966 ou l’an de son épiphanie ? Posons l’hypothèse.

Pierre Nora, huit jours plus tard, ne nous éclaire guère. Pas plus, next week, que François Hartog.  Rapprocher Gallimard et les Sciences humaines ou traiter de la situation de l’histoire ne caractérise pas la période de façon évidente, quelques millésimes dans le premier cas et tous dans le second  pouvant sans doute justifier un même intitulé. Donc je renonce et dis même, potache, qu’avant un exposé d’Hartog qu’on espère de taille (comme dirait Nicolas Canteloup, il faut expliquer la vanne, ici par proximité phonétique: d’estoc et de taille ! Merci),  Pierre n’aura qu’à nous dire. Deuxième vanne : Nora / n’aura. Humm…  Passons…

Autour de Figures, annonce ensuite Gérard Genette pour le 1er février. Effectivement, la parution de son/ses Figures I est de 1966. Dix-huit études et notes critiques écrites entre 1959 et 1965. Cela nous obligera à une lecture préalable. On trouve ça sur Amazon.fr à 7,60€. Pourquoi s’en priver ? Pour compléter (on est sérieux), on se procurera Figures II : 7,12€ . Figures III n’est vendu que broché. Trop cher. Il attendra ! On est sérieux, mais désargenté.

La parution des Écrits de Lacan, elle aussi, est de 1966. C’est Elizabeth Roudinesco qui prévoit d’en parler. Je réserve mon sentiment. Sera-t-elle remise de ses débordements anti-Onfray ?

On enchaîne à huitaine avec  Emile Benveniste. Il a fondé en 1961, avec entre autres Claude Levi-Strauss, L’Homme, revue française d’anthropologie. En l’an de grâce 1966, il publie ses Problèmes de linguistique générale. Volume 1. Le volume 2 paraîtra en 1974. Il semblerait que la citation suivante qui s’y trouve soit (fût serait mieux, non ?)  un sujet classique de dissertation de philosophie : « Le langage reproduit le monde, mais en le soumettant à son organisation propre ». Me semble assez évident. Le 15 février, Georges-Jean Pinault, de l’Ecole pratique des hautes études, compte bien aller jusqu’à parler à son propos d’invention du discours. Diable ! Si Benveniste a inventé le discours, que faisait-on, avant ?

Arrive Jean-Luc Godard en Sociologue contestataire. 1966, c’est l’année de Masculin, Féminin. On y voit  le petit Antoine Doisnel de Truffaut devenu plus grand et ayant accédé au statut de Jean-Pierre Léaud, toujours pas descendu de la Lune. Bon. Comme tout le monde, j’ai aimé À bout de souffle, mais enfin Godard n’est pas ma tasse de thé …

Je glisse sur l’année jazzistique, je suis trop resté « New Orleans »… John Coltrane, Miles Davis (malgré Ascenseur pour l’échafaud, mais c’est de 1958), Sony Rollins, Herbie Hancok, Dexter Gordon … je n’ai pas suivi. Je m’accrochais encore en 1963 aux Village Stompers . Allez écouter Washington square (http://www.youtube.com/watch?v=tUAwqhnqSAc) … et renoncez à vieillir.

Je passe sur la « jeune peinture » » française, confiée à Éric de Chassey (Villa Médicis, belle référence !)  et programmée pour le 15 mars et j’arrive ainsi à Antoine Prost : Le monde de l’Éducation nationale en 1966. Il m’étonnerait fort qu’il ait retenu pour son exposé un événement pourtant majeur de cette année pédagogique-là, mon affectation provisoire au Lycée Louis-le-Grand à la rentrée de septembre. Deux classes de seconde, une classe de première et une classe terminale littéraires. Une entrée instructive dans la carrière. Il faudra que je le complète sur ce point.

Le dernier séminaire a trait à l’Oulipo (Ouvroir de Littérature Potentielle). Le tournant, annonce et dira Marcel Benabou. C’est en tout cas, en 1966, et sur proposition de Raymond Queneau, la cooptation de Jacques Roubaud, poète et néanmoins mathématicien, ou l’inverse.  Why not ?

Au total ? Ça ou autre chose …Un gentil patchwork plus ou moins obligé, aléatoire plutôt, au gré sans doute de l’humeur et des centres d’intérêt de ceux qui ont répondu positivement aux sollicitations d’Antoine Compagnon. 1966 n’est pas de ces années qui marquent l’inconscient collectif et font une évidence de la nécessité de s’y référer.

1966 ? Ah, oui …. c’est essentiellement deux ans avant 1968.

Même le froid n’a pas été exceptionnel.

Tandis que dix ans plus tôt, hein ? Ça, oui, ce fut une année ! Vous vous souvenez de février 1956 ? L’eau gelée dans l’évier. Un mètre de neige un beau matin à Talence, banlieue bordelaise. L’instituteur, à deux maisons de la nôtre, qui partait à l’école en ski et mon père, toujours à l’affût des dépassements, partant assurer ses cours d’agrès au CREPS (Centre régional d’éducation physique et sportive) pieds nus, deux bons kilomètres dans la neige, puisque de toute façon, il n’avait que des chaussures de tennis à se mettre. Pourquoi les abîmer ? Il les portait à la main.

Alors, 1966, hein ….

Michel Foucault publie Les mots et les choses

Truman Capote : De sang-froid

Marguerite Duras : Le Vice-Consul

Création des Paravents, de Jean Genêt

Le prix Goncourt est attribué à Edmonde Charles-Roux, pour Oublier Palerme.

Un israélien totalement oublié (Shmuel Yoseph Agnon) et une suédoise d’origine juive allemande, marquée par la vie et plus notable semble-t-il  (Nelly Sachs – notice dans le Robert) se partagent le prix Nobel de littérature.

Georges Duhamel meurt en avril. Qui plonge encore aujourd’hui dans les dix volumes de sa Chronique des Pasquier ? Mort d’André Breton en septembre … et de Walt Disney en décembre(Annus horribilis pour Mickey). Vincent Auriol, Buster Keaton, Jean Lurçat tirent aussi leur révérence. Etc.

En guise de relève, l’année voit naître José Garcia et Eric Cantona, puis Dany Boon et Myke Tyson et John Cusak en tir groupé (26-28-30 juin). Jimmy Wales arrive, qui créera Wikipedia (merci). Laurent Lafforgue pousse ses premiers vagissements mathématiques. Sophie Marceau paraît. Jeff Buckley s’apprête à ne vivre que 31 ans. Le 1er décembre, on annonce la venue d’Edouard Baer. Etc.

Ainsi va, ou plutôt alla, 1966.

Il faudra sans doute attendre le premier cours du 4 janvier pour espérer deviner les motivations du professeur Compagnon quant au choix de cette année-là. Ses  motifs ne sont pas censés être personnels. Il devait avoir 15 ou 16 ans et naviguer en classes de lycée. C’est une période riche où la pensée de chacun trouve quelques racines. Mais il y a eu tant de chemin depuis…

Nécessairement, une commentatrice a ouvert la piste, chacun de nous, s’il en a l’âge, relit le millésime à l’aune de son histoire personnelle. Et ce qui émerge a alors probablement peu à voir avec ce qui nous sera raconté. Ce fut une année charnière pour moi. Sous-lieutenant d’active jusqu’au 30 septembre (Armée de l’air : service d’études et d’investigations psychologiques – basé à Versailles) et professeur contractuel de Mathématiques à compter du 1er  octobre. Une expérimentation professionnelle et des choix lourds de conséquences à venir. Mais ceci est une autre histoire …

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