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Mémoire-de-la-Littérature
27 janvier 2020

ARAGON, LES DÉBUTS ET LES FINS

 Capture d’écran 2020-01-27 à 16     Capture d’écran 2020-01-27 à 15

Je n'ai jamais appris à finir : Aragon et la question du desinit
Nathalie Piégay / Université de Genève

Ecoute tranquille de la vidéo. Rien noté. Compte-rendu "à l'oreille".

Je me suis lancé dans les captures d'écran pour avoir quelques textes à proposer.

Le desinit c'est la fin, la sortie, la dernière phrase. La séminariste y vient par l'incipit, la première phrase.  Elle expose trois quarts d'heure, puis A.C. intervient, interroge, suggère, au gré de ses spectaculaires suspensions d'expression. Je me demande chaque fois quel est le ressenti des intervenants. L'échange porte sur l'Aragon tardif, soucieux de coller à l'époque, à l'avant-garde de l'époque, avec la volonté de s'approprier les nouveautés, de ne pas être dépassé, à quoi, pour Compagnon, il parvient excellemment. Et je pensais, dans le long silence conclusif , combien, comme Aragon, Antoine Compagnon n'avait jamais appris à finir.

Les textes:

Aragon dans Je n'ai jamais appris à écrire ou les incipit:

              

 Nathalie Piégay donne un exemple : Le plombier est venu réparer l'évier. Roman minimaliste, effectivement, dont le début est aussi la fin.

Suit une  assez regrettable versification:

Qui n'a pas donné lieu sauf erreur  à commentaire. Et décourage le mien ... Ensuite, un long paragraphe de Blanche ou l'Oubli (ci-dessous).

"J'oublie le sujet du vert dit" ? Une faute de frappe sans doute. Mais c'est très nettement mieux que le massacre verbal du Crève-coeur. J'ai déjà oublié ce qui est, là, illustré. Je n'ai pas lu Blanche ou l'oubli. J'ai d'ailleurs très peu lu Aragon, sauf l'éblouissement, à l'adolescence, d'Aurélien, avec le vers de Racine, dans l'incipit : Je demeurais longtemps, errant dans Césarée . Et l'initiale laideur de Bérénice. Ah, si, il y a deux ans je crois : Le paysan de Paris, qui ne m'a pas du tout plu. Je me promets toujours de tenter Les beaux quartiers, prix Renaudot 1936, et puis ...

     

Une trace de l'obsession de la fin ou des fins, dans les lignes que je restitue ci-dessous de Théâtre/Roman. Oui ... Ce qui me fait penser à la demi-heure, ce matin sur France-inter, de Yasmina Reza chez Augustin Trapenard, que ce dernier à ouverte en se demandant si c'était ou pas Aragon qui avait dit : Il n'y a pas d'ombre sans lumière (ou l'inverse?). Bon, je suis allé voir. C'est la seconde version et c'est donc la même idée que le "Il n'y a pas de montagne sans vallée" de Victor Hugo. La phrase est de Carl Jung semble-t-il. Soit. D'ailleurs, j'ai bien aimé tout ce que disait Yasmina Reza qui au fond, j'ai dû à peu près tout lire, romans, théâtre, ne m'a jamais déçu, sauf son bouquin sur Sarkozy, L'aube, le soir ou la nuit, assez inutile. Il faut bien une exception. Là, elle sort une nouvelle pièce, Anne-Marie la beauté, j'irai voir. 

Aragon donc, pour y retourner:


 

 

 

 

 

 

 

 

Tout recommencer, à la fin, tout réécrire et peut-être d'abord sa vie. Qui n'est pas passé par là? Qui n'a pas cette envie de reconstruire, dans des phrases, ce qui fut, réussi ou raté, pour le ressusciter en le remodelant? Qui, de Chateaubriand à l'instituteur du coin n'a pas ce désir un peu fou qui donne les Mémoires d'Outre-Tombe ou les Souvenirs de Papy Mougeot, comme disait Coluche? 

          

Ci-dessus, un extrait d'Adorno (Du style tardif) cité par E. Saïd. Des coquilles, un "on" en trop en ligne 3, suivi d'un "mais bien afin" boiteux.

On pense, sur le fond, aux chiens mouillés qui se secouent. Plus rien ne compte, que s'exprimer, enfin, dans l'onde musculaire qui les parcourt. Image irrespectueuse pour l'ultime tension créatrice de l'artiste, j'en conviens.

              

Cette dernière citation est pour Thibaudet, dans son Gustave Flaubert. J'ai découvert à cette occasion L'Abesse de Jouarre, qu'on peut lire en ligne sur Gallica, par exemple ici. Ernest Renan n'a plus que six ans devant lui quand il l'écrit.

Joli, ce commentaire de Thibaudet, plein de bienveillance pour les éventuelles moqueries des jeunes contemporains parodiant ce qui pouvait être déjà une parodie involontaire; mais je fais peut-être un contresens.

J'ai dit dès le début comment tout cela s'est conclu, en attendant la prochaine fois. Nathalie Piégay a été vive et agréable dans une simplicité sans apprêt tout du long. Elle portait un collier assez étonnant. Antoine Compagnon m'a paru particulièrement soigné dans sa tenue.

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