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Mémoire-de-la-Littérature
13 février 2020

QUAND C'EST FINI, N-I, NI, NI, ÇA RECOMMENCE. QUI, ÇA ? LE STYLE ....

Capture d’écran 2020-02-13 à 10

Gilles Philippe, université de Lausanne

Sur le vieillissement des formes littéraires. Antoine Compagnon l'avait sollicité sur Duras, le style tardif de Duras. Visiblement, la Marguerite ne convient pas à Gilles Philippe. Non seulementb il a refusé, mais le seul fait d'avoir à prononcer ce nom, Duras, lui met le coeur au bord des lèvres. Aveu assez sidérant. Cela dit, je n'aime guère Duras et ses exploits tardifs (j'ai antérieurement évoqué l'affaire du petit Grégory) ne méritent pas les rappels.

Il y a eu beaucoup d'écrans. Je vais essayer de les reproduire et, s'il me revient un souvenir des commentaires, de les commenter à mon tour.

Capture d’écran 2020-02-13 à 10Cette affirmation de Thibaudet, G.P. la reprendra d'ailleurs à son compte en réponse à la question d'A.C lors de l'échange terminal: ...mais alors, qu'est-ce qui demeure? en disant: Eh bien, le français d'usage standard, le français sans connotation littéraire, le français moyen

 

 

 

 

Capture d’écran 2020-02-13 à 10Il manque les premiers mots de cette affirmation de Brunetière : Les genres littéraires ont ...

Dans les minutes qui suivent, on va rencontrer le seul moment pédant de l'intervention, lorsque GP affirme la dé-sémantisation de la métaphore dans la catachrèse (si j'ai bien entendu). C'est-à-dire? La perte de signification d'une métaphore dans le cadre d'un détournement de son usage habituel? 

 

 

Capture d’écran 2020-02-13 à 10L'écran suivant rapproche deux ouvrages publiés presque à la même date dans le cadre du distinguo Canon / Archives. Le second, le Fanny d'Ernest Feydeau a eu au moins autant, voire plus de succès que Mme Bovary. Mais il est aujourd'hui oublié, ce n'est plus qu'une archive, quand l'ouvrage de Flaubert est à compter au canon des grandes oeuvres.

 

 

 

 

Capture d’écran 2020-02-13 à 10Iouri Tynianov semble une référence. Ah ...

G.P. en profite pour souligner qu'il ne s'intéresse pas à l'évolution du style d'un individu (ce qui paradoxalement (?) ne va pas l'empêcher de disserter un peu ensuite sur deux pages de Zola) mais à l'usure de certaines pratiques littéraires attachées à certaines époques, à l'usage à une période donnée d'un formalisme littéraire donné, en quoi il se décale par rapport au propos - c'est lui qui le souligne - d'Antoine Compagnon.

 

Capture d’écran 2020-02-13 à 10

Capture d’écran 2020-02-13 à 10

Presque la même opinion, à presque un siècle de différence.

Antoine Albalat, auteur de L'Art d'écrire enseigné en vingt leçons.

François Rastier est né à Toulouse, ce qui est déjà un bon point, en 1945, ce qui ne le rajeunit pas! Directeur de recherche émérite au CNRS.

Capture d’écran 2020-02-13 à 10Intéressant, le point ainsi signalé. Depuis, le passé simple a sans doute un temps refait surface, mais aujourd'hui, il est indiscutable qu'il est souvent difficilement utilisable tant il semble désuet, comme il est également notable par le praticien que - puisqu'il est enseigné - les gamins, dans leurs rédactions, l'utilisent à contretemps à la place du passé composé, plombant leur récit de regrettables sonorités. Dès que je vous ai vue, vous m'avez plu et par votre allant, épaté, soit. Mais: Dès que je vous vis, vous me plûtes et par votre talent,  m'épatâtes ... (entendu dans la semaine et dans le cadre d'un jeu radiophonique)

Capture d’écran 2020-02-13 à 10On connaît davantage, convient G.P., Jakobson que Tynianov.

Quant à l'aveu de faiblesse, il est plutôt sympathique et je pense à tous les prévisionnistes qui se trompent régulièrement et  s'ingénient chaque fois à expliquer ensuite pourquoi ce qui est arrivé devait arriver avec un aplomb sidérant. Ici, on se contente humblement du constat. Et, pourquoi ....? Manarf.

 

 

 

Capture d’écran 2020-02-13 à 10Confirmation du constat précédent, une quinzaine d'années plus tard. Ouais ... Avec tout ça, la pensée n'avance guère ...

Capture d’écran 2020-02-13 à 10

 

 

 

 

Oui, comment?

 

Capture d’écran 2020-02-13 à 10Le souci de Zola ....

Tout aura vieilli? Et alors? Le "vieilli" n'est pas nécessairement synonyme d'inintéressant. Il a même souvent son charme. Voyez la Vie de Rancé .  Ah, c'est vrai, excusez-moi, on ne l'a toujours pas abordée .....

Pourquoi s'inquiéter de ses petits-neveux? Il faut être réaliste et on ne peut écrire qu'avec le style de son temps, le seul devoir est de le bien faire . Et puis rien n'interdit les audaces, le regard vers l'avant; l'important est de s'amuser.

Enfin pour rassurer Zola, j'ai relu l'an passé au bénéfice d'une petite-fille élève de première L, La bête humaine. Bilan? Formidable ! On y trouve des pages  d'un souffle prodigieux.

Capture d’écran 2020-02-13 à 10Bien, bien .. Venons-en aux exemples : Lourdes.

Capture d’écran 2020-02-13 à 10

 

 

 

 

Je n'ai pas lu les trois villes. J'y pense parfois, et puis je lis autre chose. Il serait temps d'essayer. Lourdes ... c'est le coin de mon enfance, ça, le triangle Tarbes-Lourdes-Bagnères de Bigorre. je connais bien la ville, et la Grotte. A programmer résolument.

Capture d’écran 2020-02-13 à 10Un avant goût ...

G.P lit avec gourmandise (c'est lui qui le dira ensuite) ces trois extraits du roman.

Capture d’écran 2020-02-13 à 10

Capture d’écran 2020-02-13 à 10

 

 

 

 

 

... braisillement? Le CNRTL donne: Littér. Scintillement plus ou moins discret quoique vif, comme celui de la braise. Synon. brasillement :

1. ... comme Maurice passait devant la salle à manger, la porte en fut brusquement ouverte, et il aperçut, dans le braisillement des bougies et la fumée des plats, une tablée d'écuyers, d'aides de camp, de chambellans, en train de vider les bouteilles des fourgons, d'engloutir les volailles et de torcher les sauces, au milieu de grands éclats de voix. Zola, La Débâcle,1892, p. 118.
2. La nuit était très noire. Le braisillement des étoiles palpitait vaguement dans l'étendue du ciel. Moselly, Terres lorraines,1907, p. 103.
1reattest. 1886 (Zola, L'Œuvre, p. 10); dér. de braisiller*, suff. -ment1*. Fréq. abs. littér. : 4.
Si l'on s'en tient aux citations, c'est plus un néologisme "zolien" qu'autre chose ...

Capture d’écran 2020-02-13 à 10A partir de là, G.P. détaille quelques remarques en s'appuyant (écrans à suivre) sur le travail d'Antoine Albalat référencé plus haut, ou sur celui d'Etienne Brunet référencé ci-après.

Capture d’écran 2020-02-13 à 10

 

 

 

 

 

 

Soulignement de l'échelonnement chronologique ... et indices argumentatifs ...

 

 

 

 

 

Capture d’écran 2020-02-13 à 10 Je me demande pourquoi les programmes de grammaire du collège emmerdent  les gamins avec le discours indirect libre si la forme manifestait ses premiers signes d'usure dès la fin du XIX° siècle!

La formulation est d'ailleurs peu claire pour les gosses. Pourquoi libre? On serait plus près de la chose en distinguant discours "explicite", direct ou indirect, et discours "implicite" ou "intériorisé" qui serait l'indirect libre. Ou alors, discours "formulé" (direct ou indirect) versus discours "informulé"? Ou discours "exprimé" vs discours "pensé"?

Et tous les exemples des livres de grammaire pour le collège sont dans Zola ... !! 

Capture d’écran 2020-02-13 à 10

Ah, les clichés ....

Comment ne pas penser à La Peste? A Camus et à son Joseph Grand: «Par une belle matinée de mai, une svelte amazone, montée sur une superbe jument alezane, parcourait les allées fleuries du bois de Boulogne.»

Quant aux adjectifs ...  Sodome et Gomorrhe est publié en 1923, où Mme de Cambremer ne partage pas la méfiance des années 1920 :

C’était l’époque où les gens bien élevés observaient la règle d’être aimables et celle dite des trois adjectifs. Mme de Cambremer les combinait toutes les deux. Un adjectif louangeux ne lui suffisait pas, elle le faisait suivre (après un petit tiret) d’un second, puis (après un deuxième tiret) d’un troisième. Mais ce qui lui était particulier, c’est que, contrairement au but social et littéraire qu’elle se proposait, la succession des trois épithètes revêtait, dans les billets de Mme de Cambremer, l’aspect non d’une progression, mais d’un diminuendo . Mme de Cambremer me dit, dans cette première lettre, qu’elle avait vu Saint–Loup et avait encore plus apprécié que jamais ses qualités «uniques — rares — réelles», et qu’il devait revenir avec un de ses amis (précisément celui qui aimait la belle-fille), et que, si je voulais venir, avec ou sans eux, dîner à Féterne, elle en serait «ravie — heureuse — contente». Peut-être était-ce parce que le désir d’amabilité n’était pas égalé chez elle par la fertilité de l’imagination et la richesse du vocabulaire que cette dame tenait à pousser trois exclamations, n’avait la force de donner dans la deuxième et la troisième qu’un écho affaibli de la première. Qu’il y eût eu seulement un quatrième adjectif, et de l’amabilité initiale il ne serait rien resté.

Capture d’écran 2020-02-13 à 10Génitif de caractérisation ... bon, j'ignorais le vocabulaire.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Capture d’écran 2020-02-13 à 10S'évoquer pour se faire jour, apparaître. Purement "zolien", et tardif donc ? Quel air du temps? Le symbolisme? Sans doute. Certainement, même.

 

 

 

 

 

 

 

Capture d’écran 2020-02-13 à 10Prétérition. Oui, ce serait superflu tellement cela semble, au fond, dans l'exacte nature des choses.

Où inéluctable fin est moins agressif que décrépitude sénile. Je préfère aller en EHPAD vers mon inéluctable fin plutôt qu'y vivre lamentablement ma décrépitude sénile ! Il reste quelques nobles vieillards (cliché ?). Un mouvement artistique est-il condamné à finir dans l'abjection des déjections multiples et incontrôlées?

Les oeuvres ultimes peuvent être plus faibles sans être abjectes ou obscènes.

Capture d’écran 2020-02-13 à 10Résumons, dit-il: ...

Vocation ou fatalité? L'auteur emploie, avec un coefficient personnel, les formes de son temps et de son histoire propre, selon ce qu'il a lu, digéré, retenu, rejeté.

Mais c'est, quoi qu'il en soit, bien récapitulé. Et dans les formes émergentes, il y a bien sûr, s'il a quelque génie, celles qu'il fait émerger.

 

Un échange terminal avec Antoine Compagnon sans souvenir particulier. Et deux semaines d'interruption.

 

          Rancé, nous te quittons sans t'avoir jamais ouï!

          Peut-être, si le temps m'est donné en vacances

          Et, toi, Chateaubriand, si ta prose m'élance,

          Irai-je voir un peu ce que tu nous en dis

          Et quand ce sera fait, en parlerai-je ici.

 

 

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